C’est une première pour un dirigeant allemand. Mercredi, Joachim Gauck, président de la République Fédérale d’Allemagne, se rend mercredi à Oradour-sur-Glane, ce village de la Haute-Vienne, victime de la barbarie nazie le 10 juin 1944. Avant cette visite symbolique, il était l’invité d’Europe 1, mercredi matin.
>> LIRE SON PORTRAIT : Le président allemand, cet illustre inconnu
"Je suis à côté de vous !" Né pendant la guerre, Joachim Gauck - qui veut montrer que "les Allemands qui forgent l'Europe avec la France aujourd'hui sont différents des Allemands qui ont sévi en 1944 !" -, s’est dit "imprégné par cette discussion sur notre culpabilité." Lui veut assumer les erreurs du passé et "tendre la main aux victimes en disant : ‘je suis à côté de vous !’" Visiblement marqué par ce passé allemand, Joachim Gauck, "tellement humble devant cette situation", cherchera à prouver aux yeux de tous que son pays a changé : "je veux transporter le visage d'une Allemagne telle qu'elle est aujourd'hui."
>> A LIRE AUSSI : L'enquête sur le massacre d'Oradour-sur-Glane continue
Gauck : "Les Allemands d'aujourd'hui sont...par Europe1fr"Beaucoup de respect pour Hollande". Outre ces questions mémorielles, le sujet syrien sera également sur la table. Mardi, le président s’est entretenu en tête à tête avec son homologue, avant une conférence de presse commune au cours de laquelle il a répété sa détermination à agir contre le régime de Damas. Une position qui a impressionné Joachim Gauck. "J'ai beaucoup de respect pour François Hollande. Il est devenu Président de la République dans une situation difficile pour l'Europe. (…) Il m'a impressionné par ailleurs par son indignation vis-à-vis de cette attaque criminelle du régime Assad contre sa propre population."
"Les gouvernements français et allemand en contact permanent". Interrogé sur l’isolement supposé du président français en Europe sur ce dossier syrien - l’Allemagne a fait savoir qu’elle n’interviendrait pas à Damas -, le président allemand assure que ce n’est pas le cas. "Nous nous trouvons dans un processus de négociations et de pourparlers. Les gouvernements français et allemand sont en contacts permanents, la France fait d'ailleurs la même chose avec la Grande-Bretagne, et le président a aussi parlé des débats aux Etats-Unis." Et Joachim Gauck de laisser la porte ouverte à des jours (diplomatiques) meilleurs pour François Hollande : "jusqu'ici, nous n'avons pas trouvé une ligne commune, sachant que nous partageons notre indignation devant ces atrocités, mais il y a encore des discussions..."
"Nous ne souhaitons pas dominer l'Europe". Les relations compliquées entre François Hollande et Angela Merkel ont également été abordées. Joachim Gauck a tenu à rassurer ceux qui, à Paris et ailleurs, estiment que Berlin veut profiter de sa domination économique pour imposer sa vision des choses à ses partenaires européens. "Si, en France, quelqu'un imagine que l'Allemagne souhaite dominer l'Europe, il se trompe. Non, cette Allemagne souhaite être Européenne et ne souhaite pas une Europe allemande, nous ne souhaitons pas dominer l'Europe, nous souhaitons seulement faire des propositions."