L'INFO. Il a l'âge auquel les Britanniques pensent sérieusement à la retraite. Pourtant, le prince Charles n'exerce toujours pas le métier de roi pour lequel il a été préparé. Sert-il à quelque chose ? Alors qu'il fêtera, jeudi, ses 65 ans, la question se pose.
Trouver sa place, son éternel problème. A 28 ans, le prince Charles aspirait déjà à être "plus utile". "Mon grand problème dans la vie est que je en sais pas vraiment quel est mon rôle dans la vie. Actuellement, je n'en ai pas mais je dois en trouver un d'une façon ou d'une autre", avait-il déclaré à l'époque dans un discours à l'université de Cambridge. 37 ans plus tard, il est toujours apprenti-roi… mais son rôle s'est étoffé.
Il épaule la reine plus que jamais. Héritier direct au trône d'Angleterre, le prince Charles détient le record absolu de longévité dans le rôle de prétendant à la couronne. Avec les années, il a été amené à relayer de plus en plus la reine Elizabeth, âgée de 87, ans dans ses engagements officiels. Il la représentera donc pour la première fois au sommet du Commonwealth qui débute vendredi au Sri Lanka. En mai déjà, il était allé seconder sa mère au Parlement, une démarche inhabituelle.
Il est à la tête d'un empire… d'organisations caritatives. Charles est à la tête d'une kyrielle d'associations qui vont du domaine artistique à l'aide aux jeunes en difficulté. Elles sont "sa passion", selon le Time qui lui consacre un long article en novembre. Une activité qui n'a rien du simple passe-temps : entre les seuls mois de mars 2012 et mars 2013, il a récolté 224 millions de livres sterling soit 263 millions d'euros, pour la cinquantaine d'organisations caritatives qu'il a créées.
C'est un chef d'entreprise. Il gère personnellement le duché de Cornouailles, dans le sud-ouest de l'Angleterre : plus de 53.000 hectares de terres et un ensemble d'actifs évalué à plus de 900 millions d'euros. Datant de 1337, le duché a été mis en place pour assurer un revenu au fils aîné du monarque et héritier du trône. En tant qu'organisme public "royal", ces biens sont exonérés d'impôt sur les plus-values et d'impôt sur les sociétés. En revanche, le prince paye des impôts sur les revenus de ses terres. Un statut fiscal favorable qui a récemment été remis en question par une commission parlementaire britannique.
Il fait du lobbying politique. A la différence de sa mère, qui observe une stricte neutralité en politique, Charles ne se prive pas d'afficher ses convictions. Ces dernières années, il a critiqué une réalisation architecturale moderne et mis en garde contre les OGM ou le changement climatique. Mais c'est surtout son interventionnisme supposé en politique qui a donné matière à controverse. En août dernier, la révélation que l'héritier au trône avait eu 36 contacts avec des ministres depuis 2010 avait fait des vagues. En 2006, Tony Blair avait, pour sa part jugé "complètement déraisonnable de ne pas s'attendre à ce que le prince Charles ait des opinions à transmettre au gouvernement". "Personnellement, je ne pense pas que cela ait causé quelque difficulté que ce soit aux ministres", avait-il cru bon de préciser.