Harry, l'enfant terrible de la famille royale, avait de quoi fêter, tout sourire, son 30e anniversaire, lundi : ses Invictus Games pour soldats blessés consacrent son retour en grâce, et il a hérité d'un pactole légué par sa mère, la princesse Diana.
Effacer son image de "clown de service". La foule en liesse a lâché un triple hourra en l'honneur de celui qui sera bientôt relégué en cinquième position dans l'ordre de succession au trône. Fidèle à son image décontractée, l'intéressé envisageait au micro de célébrer "son âge avancé" autour d'une bière. L'ovation des quelque 26.000 spectateurs au concert de clôture des jeux paralympiques militaires londoniens, parrainés par le jeune prince à la tignasse rousse en bataille, a de quoi rassurer la famille des Windsor. Son engagement humanitaire contribue à effacer son image de "clown de service", selon l'expression de Kate Williams, biographe royale de renom.
Un album-souvenir sulfureux. En guise de cadeau d'anniversaire quelque peu empoisonné, le Times a retracé en 18 photos les temps forts de la vie d'Harry. En tête, viennent les clichés des temps heureux en compagnie de Diana. Sa mère adulée, morte dans un accident de voiture à Paris en 1997, avait ouvert un fonds à son nom, disponible le jour de ses 30 ans. Il dépasse les 13,4 millions d'euros, à en croire l'évaluation de plusieurs médias.
Dans l'album-souvenir, se trouvent aussi deux photos qui ont fait scandale. Sur la première,Harry adolescent apparait en officier nazi, à l'occasion d'une fête costumée. Sur la deuxième, il est ivre-mort, à la sortie d'un night-club. S'ensuivent les images du célibataire flanqué de trois conquêtes successives : deux jeunes blondes platine et une brunette. A la même période, le prince a été photographié nu comme un ver au sortir d'une partie de strip-poker à Las Vegas. Enfin, l'an dernier, le Capitaine Wales a passablement affaibli son aura de héros en comparant à un jeu vidéo son engagement contre les talibans afghans. "J'aime à penser que je suis assez habile avec les pouces", a cru bon de confier le copilote d'hélicoptère Apache. Ses écarts et ses bévues ont atterré le Palais. Elles constituent une réminiscence de la période où les frasques des enfants de la reine ont considérablement nui aux Windsor, dans les années 80.
Opération "relookage". Depuis plus d'un an, la formidable machine à communiquer du Palais de Buckingham accompagne les efforts de rédemption du prince turbulent. Deux engagements successifs en Afghanistan ont projeté une image plus présentable du capitaine Wales. Avant les Invictus Games, il a marché au Pôle sud avec des anciens combattants blessés, et multiplié les apparitions pour des causes humanitaires. Harry a même représenté aux Caraïbes - à sa façon ultra décontractée, mais cette fois digne - sa grand-mère Elizabeth II, à l'occasion du jubilé de diamant de cette dernière, en 2013.
La naissance l'an prochain du deuxième enfant de son frère William et de Kate confirme qu'Harry s'éloigne du trône, mais le trentenaire confie à qui veut l'entendre qu'il s'accommode parfaitement de cette perspective. "Harry prend les choses plus au sérieux", s'est félicité lundi dans un éditorial le Daily Telegraph, notant sa popularité au zénith. Phil Hall, expert en relations publiques, a récemment salué "l'opération de relookage en tant que héros militaire". L'un de ses confrères, Mark Borkowksi, applaudit aussi au changement d'"image de marque", en encourageant le jeune à ne pas s'arrêter en si bon chemin. "A 30 ans, quand vous êtes à ce point l'objet de toutes les attentions, il est préférable d'avoir un plan B, C ou D", dit-il.