Le procès Ben Ali déjà en suspens

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avec agences , modifié à
L’un des avocats de l’ex-président réclame du temps pour préparer sa défense.

A peine ouvert, le procès de Zine El Abidine Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi pourrait déjà être suspendu. La défense de l’ex-président tunisien a en effet, dès la première audience, réclamé le report, arguant que certains avocats d’office n’avaient pas eu le temps de préparer leur défense. Deux d’entre eux, commis d’office, n’ont ainsi pas eu le temps de rencontrer l’ancien dirigeant, réfugié en Arabie Saoudite depuis sa fuite de son pays le 14 janvier dernier à l’issue de la Révolution de jasmin. Un autre de ses cinq avocats n’a, lui, pas renoncé à convaincre son client de se présenter au procès.

"Un acte de liquidation politique"

Un vœu sans doute pieux. D’abord parce qu’il n’existe aucun accord d’extradition entre la Tunisie et l’Arabie Saoudite. Une demande a d’ailleurs été rejetée par Riyad. Ensuite parce que Ben Ali juge son procès illégitime, à en croire son avocat français. "Ce procès est un piège total. Il n'est pas question d'avaliser une formule de procédure qui est un acte de liquidation politique. On ne considère pas ce procès comme autre chose qu'un acte politique", a affirmé lundi Me Jean-Yves Le Borgne. Interrogé sur une éventuelle venue de son client à Tunis, l’avocat s’est montré des plus clairs : "Certainement pas!", a-t-il rétorqué.

Le procès a commencé par la lecture des charges pesant contre l'ancien président et son épouse, à savoir la possession illégale de drogues, d'armes, de devises étrangères, de bijoux et d'objets archéologiques. Les deux accusés sont passibles de peines de 5 à 20 ans de prison, selon le ministère tunisien de la justice. Le juge Touhami Hafian a expliqué lors de cette première audience comment les enquêteurs avaient découvert dans la résidence privée de Ben Ali et le palais présidentiel 1,8 kg de drogues et 43 millions de dinars, soit 22 millions d'euros, en liquide. Le procureur a demandé "les peines les plus sévères pour ceux qui ont trahi la confiance et volé l'argent du peuple pour leur gain personnel". "Ils n'ont pas arrêté de voler durant 23 ans", a-t-il dit.

Depuis son exil doré à Riyad, Ben Ali a qualifié les accusations portées à son encontre de "déshonorantes et imaginaires". Dans un communiqué publié lundi par ses avocats, l’ancien chef d’Etat affirme ainsi que les armes sont des cadeaux de chefs d'Etat et que les bijoux ont été offerts à sa femme par des dirigeants étrangers. Quant à l'argent et aux drogues, ils ont été cachés dans sa maison et le palais présidentiel après son départ du pouvoir dans le cadre d'une machination, selon lui.

"Départ forcé et par la ruse de Tunisie"

Cette machination qui l’aurait poussé au départ alors que, jure-t-il dans un communiqué diffusé lundi, Ben Ali n’avait aucunement l’intention de partir. L’ancien président fait peser sur son directeur général chargé de sa sécurité, Ali el Siriati, la responsabilité de son départ forcé et par la ruse de Tunisie. "Il a insisté pour que j'accompagne ma famille à Jeddah (en Arabie saoudite, ndlr) pour quelques heures afin que les services de sécurité puissent déjouer un complot et garantir ma sécurité", écrit Ben Ali. "J'ai pris alors l'avion avec ma famille, mais après notre arrivée à Jeddah, l'avion est rentré à Tunis sans m'attendre contrairement à mes ordres clairs", ajoute l'ex-président. "Je suis resté à Jeddah contre ma volonté. Plus tard, il a été annoncé que je me suis enfui de Tunisie".

Pour autant, Ben Ali a bel et bien tiré un trait sur le pouvoir. Les justifications sur son départ forcé "ne veulent pas dire que M. Ben Ali se considère encore comme le président de Tunisie", a tenu à préciser son avocat libanais Akram Azouri.