Et si c'était lui ? A un mois du coup d'envoi du processus de sélection d'un candidat républicain pour affronter Barack Obama en 2012, Newt Gingrich vient jouer les trouble-fêtes dans la course à la Maison-Blanche, privant désormais Mitt Romney du statut de favori. Europe1.fr vous raconte le retour en grâce de cette figure de la droite américaine des années 1990, qui a pourtant effectué un début de campagne chaotique avec plusieurs défections dans son camp.
Des circonstances favorables
Non content de revenir sur le devant de la scène, le conservateur tire avantage aujourd'hui des déboires de Herman Cain, qui s'est retiré de la course après plusieurs accusations de scandales. Ce dernier était le dernier chouchou en date des républicains du Tea Party, qui avant lui avaient porté aux nues Michele Bachmann, puis Rick Perry, avant que leur popularité ne finisse par s'effondrer. Et même s'il n'est pas lié au Tea Party, Newt Gingrich apparaît aujourd'hui comme l'unique "poids lourd" parmi les candidats toujours en lice, explique Nicole Bacharan interrogée par Europe1.fr.
Car pour la politologue, cela ne fait aucun doute. Ce "tour de manège" des outsiders auquel on assiste depuis plusieurs mois tient avant tout au sentiment "anti-Romney" dans le camp républicain. Ce regain de popularité de Newt Gingrich "tient avant tout au fait que les républicains n'arrivent pas à se faire à l'idée que leur candidat devrait être Mitt Romney", note ainsi Nicole Bacharan.
Selon un sondage publié lundi, Newt Gingrich arrive ainsi en tête des candidats perçus comme les plus "acceptables" par les électeurs républicains, devançant de huit points Mitt Romney, longtemps favori. Fort de sa nouvelle position, Newt Gingrich a intensifié ces derniers jours ses efforts pour ravir les voix des électeurs républicains de l'Iowa, le premier Etat à se prononcer pour désigner l'adversaire républicain du président démocrate. Des efforts qui semblent payer puisque selon un dernier sondage, le conservateur se place confortablement en tête dans cet Etat.
Des qualités et des "casseroles"
Ex-président de la Chambre des représentants, artisan de la victoire législative républicaine de 1994 sous la présidence du démocrate Bill Clinton, Newt Gingrich est un vétéran de la politique américaine. La popularité du candidat républicain ne tient donc pas seulement aux déboires de ses concurrents. "C'est quelqu'un de très brillant avec beaucoup d'idées, très bon dans les débats et qui a une grande pratique de la politique", souligne Nicole Bacharan.
Mais celui qui se pose aujourd'hui en sauveur du pays, assurant qu'il peut "reconstruire l'Amérique" et redresser l'économie, traîne toutefois pas mal de "casseroles". "Il va être très dur pour lui de se présenter en candidat des valeurs morales", observe en premier lieu Nicole Bacharan. Dans les années 1990, Newt Gingrich aurait en effet demandé le divorce à sa première femme sur son lit d'hôpital, alors que celle-ci se remettait d'une opération d'un cancer de l'utérus.
Aussitôt remarié avec sa maîtresse, le républicain part alors en croisade contre Bill Clinton lors de ses péripéties avec Monica Lewinski. Petit hic : Newt Gingrich entretient au même moment une liaison secrète avec une employée du Congrès, de 23 ans sa cadette. "Ce genre d'hypocrisie et de contradictions entre vie publique et vie publique passe très mal" auprès de l'opinion américaine, explique Nicole Bacharan.
Un personnage flamboyant
Souvent critiqué pour ses idées excentriques et sa pratique présumée du lobbyisme, Newt Gingrich s'est récemment distingué en proposant de faire travailler les enfants pauvres pour leur inculquer la culture du travail. "C'est du Gingrich. C'est du flamboyant, du spectaculaire. Ce côté là ne l'a jamais quitté", relève Nicole Bacharan. Proche de l'influent milliardaire Donald Trump, le candidat républicain a également fait sensation en conseillant aux manifestants d'Occupy Wall Street de "prendre un travail, mais après avoir pris un bain".
Autre élément jouant en la défaveur de Newt Gingrich : une absence de trajectoire idéologique claire. "Il est difficile à situer, on ne sait pas très bien qui il est", commente Nicole Bacharan. Celui qui a pris le parti de s'adresser à tous les éléments de l'électorat républicain s'attire régulièrement les critiques de son propre camp comme fin novembre, lorsqu'il a proposé un traitement plus "humain" pour les immigrés illégaux intégrés depuis longtemps aux Etats-Unis.
Les partisans de Herman Cain auront désormais le choix entre un Romney modéré et un Gingrich conservateur. Si selon toute vraisemblance, Newt Gingrich devrait bénéficier du soutien de Herman Cain, aucun des deux choix ne semble pour l'instant convenir aux militants du Tea Party. La bataille entre les deux hommes ne fait donc que commencer.