Les veuves et les enfants d'Oussama Ben Laden qui vivaient au Pakistan ont été expulsés jeudi soir. L'avion spécial les transportant "a décollé de l'aéroport d'Islamabad à destination de l'Arabie saoudite" peu avant 02 heures (23 heures en France), a précisé un porte-parole du ministère de l'Intérieur.
Les veuves et les enfants expulsés vers l'Arabie saoudite
Le ministère avait auparavant indiqué dans un communiqué avoir "ordonné l'expulsion de 14 membres de la famille d'Oussama Ben Laden en application des décisions de justice", et qu'ils allaient être "expulsés dans le pays de leur choix, l'Arabie saoudite". Initialement prévue mercredi, l'expulsion avait été retardée par des démarches administratives entre le Pakistan d'un côté, l'Arabie saoudite et le Yémen de l'autre, avait expliqué Zakariya al Sadeh, le frère de la plus jeune épouse de Ben Laden.
Vers minuit jeudi (21 heures en France), un minibus est passé prendre la famille dans la résidence surveillée d'Islamabad où elle était détenue ces derniers temps. Elle est arrivée une trentaine de minutes plus tard à l'aéroport civil d'Islamabad, situé à Rawalpindi, dans la banlieue de la capitale, où elle est entrée par une porte discrète située à l'arrière, selon des responsables locaux. Une fois dans l'aéroport, les veuves et les enfants ont été dirigés vers la zone des départs, où ils ont satisfait à quelques procédures d'immigration avant de décoller pour l'Arabie Saoudite. Une fois sur place, la plus jeune des épouses de Ben Laden, la Yéménite Amal Abdulfattah, doit ensuite gagner le Yémen avec ses cinq enfants, selon ses avocats à Islamabad.
Une famille au profil gênant
Après dix mois de détention sans motif officiel, les trois femmes, deux Saoudiennes et une Yéménite, avaient été récemment condamnées à 45 jours de prison pour séjour illégal au Pakistan - peine qu'elles ont fini de purger il y a dix jours - et à être expulsées dans leurs pays d'origine avec leurs enfants. Après la fin théorique de la peine de prison, le processus d'expulsion avait semblé traîner. Plusieurs responsables pakistanais avaient alors évoqué la réticence de l'Arabie saoudite à accueillir cette famille au profil gênant.
La détention prolongée et longtemps sans motif de la famille au Pakistan a nourri les interrogations sur l'attitude des autorités pakistanaises, soupçonnées de vouloir dissimuler des informations sur les dernières années de Ben Laden, et notamment sur le fait de savoir s'il a bénéficié de complicités pour vivre pendant tant d'années au Pakistan (entre 2002 et 2011 au minimum selon l'enquête de police), dont les cinq dernières à Abbottabad, sans être inquiété. Des responsables pakistanais assuraient toutefois dernièrement qu'Islamabad voulait les expulser au plus vite pour fermer définitivement le chapitre embarrassant Ben Laden ouvert il y a près d'un an par le raid unilatéral américain.