Vingt-deux ans après l'apartheid, les Blancs n'ont pas oublié. Dans un pays où les inégalités entre Blancs et Noirs sont toujours importantes, les premiers savent ce qu'ils doivent à Nelson Mandela, 94 ans, dans un état "grave mais stable" et hospitalisé pour une infection pulmonaire depuis samedi. Clé de voûte de la réconciliation après sa libération au terme de 27 années de prison, "Madiba" - son nom de guerre - a permis au pays de ne pas chavirer dans un bain de sang.
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"Si Mandela n'avait pas transformé ce pays, jamais je n'aurais pu vivre ici", confie à l'envoyé spécial d'Europe 1 Christin. Cette retraitée de 70 ans est la seule habitante blanche de cette rue de Sunnypark, le quartier noir et pauvre de la ville de Pretoria. Elle vit dans une petite maison individuelle avec jardin encastrée entre des barres d'immeubles défraîchis, après avoir connu les heures sombres de l'apartheid. "Tous ces gens-là nous ont pardonné, dieu merci", ajoute-t-elle en se tournant vers ses voisins. "Autrement, ça aurait été horrible pour nous. Ils nous auraient massacré. Si Mandela n'avait pas été là, nous aurions vécu un bain de sang", lâche-t-elle encore.
"Ils nous a rendus fiers"
A une vingtaine de kilomètres, dans la banlieue est de Pretoria, où vit l'écrasante majorité des Blancs, la fin de l'apartheid est aussi appréciée. "Je me souviens de mon premier voyage à l'étranger, j'avais 17 ans, et j'avais honte, parce que quand je disais que j'étais sud-africaine, les gens avaient une réaction terrible. Après la libération de prison de Mandela, il nous a tous rendus fier d'être Sud-Africain", explique à Europe 1 Elizabeth, la cinquantaine.
Dans sa résidence surveillée, entourée de fils barbelés, cette descendante d'Afrikaner savoure la "fierté retrouvée grâce à Mandela". Mais hors micro, elle confie tout de même ses craintes pour la suite. "L'apartheid est fini depuis 22 ans. Si Mandela venait à mourir, j'ai peur que le gouvernement actuel oublie très rapidement son héritage, celui d'un pays où les blancs aussi sont chez eux".