Plus de règlementation, moins d’adoption. Le nombre d'enfants étrangers adoptés par des familles françaises baisse inexorablement depuis plusieurs années, à mesure que les pays restreignent les conditions d'adoption, selon les derniers chiffres disponibles. L’étude menée montre aussi que le profil des enfants accueillis a changé.
Les enfants russes en tête des adoptions. Alors que 2.000 enfants avaient été adoptés en 2011, seulement 1.569 l'ont été en 2012, selon les statistiques du ministère des Affaires étrangères, disponibles sur son site Internet lundi. Les pays les plus sollicités par les parents adoptants sont la Russie avec 235 enfants adoptés, l’Ethiopie avec 220 adoptions et la Colombie avec 159 enfants. L'Afrique représente à elle seule presque la moitié des adoptions, 701 enfants.
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En 2006, on comptait 4.000 adoptions à l'étranger. A l'exception de 2010, marquée par l'arrivée de nombreux petits Haïtiens après le séisme de janvier, les chiffres de l'adoption internationale ne cessent de baisser, à mesure que les pays se ferment à l'adoption par des étrangers.
La convention de La Haye en cause. "Il y a plusieurs explications", analyse Nathalie Parent, présidente d'Enfance et Famille d'adoption, qui dit fédérer "93 associations départementales, regroupant 10.000 familles" D'abord, les pays ratifient peu à peu la convention de La Haye de 1993, qui incite les pays d'origine des enfants à ne les confier qu'en dernier recours à l'adoption internationale.
En 2010, 76 familles françaises ont adopté 84 enfants haïtiens, après le terrible séisme qui a touché e pays.
Elle interdit aussi l'adoption dite individuelle, c'est-à-dire lorsque les parents adoptants contactent directement les autorités du pays. Avec la convention, le recours à un organisme agréé pour l'adoption (association ou autorité publique) est obligatoire.
Haïti est ainsi désormais fermée aux adoptions individuelles. Alors que l'île était jusqu'en 2009 le premier pays d'origine des bambins adoptés en France, seulement 49 petits Haïtiens ont été accueillis dans l'Hexagone en 2012.
Les couples homosexuels pointés du doigt. Quant à la Russie, désormais premier pays d'origine, elle pourrait reculer à l'avenir. Après avoir décidé d'interdire l'adoption aux Américains, le pays a prévenu que l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples homosexuels en France et au Royaume-Uni "réduisait les possibilités" pour leurs ressortissants d'adopter des enfants russes. Certains pays, comme la Chine ou le Vietnam, exigent déjà des "attestations de non homosexualité" pour les familles adoptantes, soulignait aussi récemment l'Agence française de l'adoption, inquiète.
Des enfants déjeunent dans un orphelinat de Rostov-on-Don, en Russie.
Mais surtout, explique Nathalie Parent, la France s'apprête à ratifier un accord bilatéral qui interdit les adoptions individuelles de petits Russes par des Français. En 2012, 185 adoptions sur 235 dans ce pays étaient individuelles. En tout, 506 petits étrangers accueillis par des Français en 2012 l'ont été par voie individuelle.
Des fratries entières à adopter. Au-delà de la baisse du nombre d'enfants à adopter, qui répond à une certaine logique, Nathalie Parent note que c'est le profil des bambins qui a changé, sans que les candidats à l'adoption y soient assez sensibilisés.
Lee Jin-ri 5 ans et Choi Seol, 9 ans, tous les deux handicapés, ont été abandonnés, quand ils étaient encore des nourrissons, dans la "boîte à bébés"de l’église de Joosarang à Séoul.
D'âges relativement élevés (plus de 3 ou 4 ans), malades, handicapés ou issus de fratrie, les enfants "à besoins spécifiques" sont de plus en plus nombreux parmi les enfants proposés à l'adoption, quand les parents attendent des bébés en bonne santé, soulignent son association et l'Agence française de l'adoption.
750 enfants en attente d'adoption en France. Les enfants de 5 à 7 ans représentaient 13,01% des adoptés en 2012, contre 10,73% en 2011, et les "plus de 7 ans" 16,65% (contre 14,28%). Les candidats à l'adoption sont confrontés à la fois à des conditions durcies à l'étranger et à un petit nombre d'enfants légalement adoptables en France - 750 environ actuellement - compte tenu du faible nombre d'enfants nés sous X ou faisant l'objet d'un "désintérêt manifeste" de la part de leurs parents, notion complexe rarement décidée par la justice.
Signe peut-être d'un certain découragement, les demandes d'agrément en vue d'adoption (7.400) ont baissé de 19% entre 2010 et 2011, selon l'Observatoire national de l'enfance en danger. Environ 23.000 familles étaient agréées à la fin 2011.