L’INFO. Des documentaires en noir et blanc et des fictions rediffusées : voilà ce que les Grecs peuvent voir depuis jeudi matin sur la chaîne EDT, la télévision publique, rétablie après un mois de blackout total. Faute de contenus originaux, la chaîne doit en effet se contenter dans un premier temps de rediffusions. Des programmes au rabais qui suscitent ironie et agacement chez les téléspectateurs.
> RÉCIT : Les dernières minutes de la télé publique grecque
Une équipe réduite. Le 11 juin dernier, coup de tonnerre en Grèce : le gouvernement d’Antonis Samaras décidait de fermer brusquement les trois chaînes de la radiotélévision publique ERT. Un mois plus tard, la "télévision publique" revient sous un nouveau nom, provisoire : EDT. Et avec une équipe réduite et bigarrée : "un technicien à la retraite, un ancien réalisateur de l’ERT, un cadre du Centre grec du cinéma, un salarié de la chaîne parlementaire", énumère ironiquement le journal Eleftherotipia.
Un extrait de la chaîne EDT :
Une machine à remonter le temps. Le logo de la nouvelle chaîne, qui fleure bon les années 80, est instantanément devenu la risée des Grecs. "Quand on regarde l’EDT, on a l’impression de vivre dans les années 80, ce qui n’est pas si éloigné de la réalité", note ainsi un twitto sarcastique.
Πάντως βλέποντας την ΕΔΤ, άνετα νομίζεις ότι ζεις στην δεκαετία του 80, που δεν απέχει πολύ από την πραγματικότητα άλλωστε...— VASSILIS DELIGARIS (@Bill_Del) July 11, 2013
Un autre assure qu’en regardant la télévision, il a l’impression d’être revenu en 1980 : "je vais aller louer une cassette vidéo et je ne sortirai pas en boîte ce soir".
βλεπω ΕΔΤ και νομιζω οτι ειναι 1980, θα νοικιασω βιντεοκασετα και θα παω το βραδυ σε καμια discotek...— Hellas (@tat_gr) July 11, 2013
Des petits plaisantins se sont même amusés à poster des montages de fausses captures d’écran de la télévision soviétique.
Via @kaimporei: #EDT (new #Greece "public" television) test card w/ same design once seen on Soviet TV: pic.twitter.com/9OIp2oCbgs#ert#rbnews— Dialogos Radio/Media (@dialogosmedia) July 10, 2013
Un réalisateur mécontent. Quant aux programmes à proprement parler, ils ne passent pas non plus. C’est le film "Madame le maire", de 1960, qui a inauguré le retour de la télévision publique jeudi soir. Sauf que le réalisateur, Robert Manthoulis, 84 ans, a annoncé dans la foulée qu’il allait réclamer des dommages et intérêts pour une diffusion de son film sur une chaîne "méprisable".
Une chaîne court-circuitée sur le web. La nouvelle télévision publique est en outre confrontée à un problème de taille : depuis le siège de l’ancienne chaîne publique historique ERT, au nord d’Athènes, des employés continuent de se relayer pour proposer des bulletins d’informations et des émissions. Le tout est diffusé sur Internet, avec le soutien de l’Union européenne de l’audiovisuel. Le gouvernement a proposé à une partie des anciens salariés de l’ERT d’intégrer le nouvel organisme. Mais les ex-ERT, qui ont reçu leur lettre de licenciement, considèrent pour l’instant que l’EDT est une chaîne "pirate".