Les Kadhafi, portraits de famille

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Footeux, scarface libyen ou encore peintre : la progéniture du colonel est une famille à part.

Une tente pour ses déplacements officiels, des gardes du corps composés d’“amazones“, une infirmière personnelle ukrainienne, un soutien financier aux terroristes pendant les années 80, etc. Mouammar Kadhafi est connu pour ses excentricités. Mais son aura n’a pourtant pas pu éclipser les déboires de ses enfants, tant ces derniers ont, eux aussi, multiplié les frasques.

Mohamed, Seif al-Islam, Saadi, Moatessem, Hannibal, Aicha, Seif al-Arab, Khamis, Hannah : officiellement, le colonel a eu huit enfants légitimes et en a adopté un neuvième. Passage en revue de cinq descendants qui sortent du lot.

Mohamed, le fils prodige multi-président. A la tête de l'organisme libyen des télécommunications, l’aîné a multiplié les présidences de nombreuses associations et fédérations. Président du comité olympique libyen, il a également dirigé l’association méditerranéenne des échecs et le club de football de l’Al-Ahli Tripoli. Mais cet activisme ne semble pas avoir séduit son père, qui lui préférerait le cadet, Seif al-Islam.

Seif al-Islam, le diplomate arty. “Peintre à ses heures, il expose à Berlin, Tokyo, Montréal et Paris, mais a tendance à solliciter un peu trop pesamment le sponsoring des entreprises qui commercent avec son pays“, rapporte Christophe Boltanski dans un portrait familial publié dans Libération. Egalement docteur en philosophie de la London School of Economics, Seif al-Islam a depuis rangé ses pinceaux et était considéré comme le candidat le plus sérieux pour succéder à son père. Il a d'ailleurs occupé le terrain médiatique lorsque son père a dû se cacher pour éviter les rebelles.

Président de la fondation Khadafi, il s’occupe de la nouvelle diplomatie de la Libye, qui a délaissé le financement terroriste pour passer à l’humanitaire. Seule excentricité connue de ce fils prodige : il possédait un tigre, qu’il a élevé dans sa propriété de Tripoli. Il s’était par ailleurs lié d’amitié avec le dirigeant d’extrême droite disparu, Jörg Haider, lors de ses études en Autriche.

Al Saïdi, le footeux repenti. Le troisième fils du colonel a toujours rêvé de devenir footballeur et il l’a fait. Actionnaire de la Juventus à hauteur de 7,5%, le milieu de la sélection nationale intègre en 2003 dans des conditions obscures le club de Serie A de Pérouse. Il ne jouera que 14 minutes dans sa carrière… lors d’un match contre la Juventus. Il est en revanche contrôlé positif à la Nandrolone, ce qui ne l’empêchera pas d’intégrer ensuite les clubs d’Udine et de s’entraîner avec la Samdporia de Gênes, sans pour autant figurer sur la moindre feuille de match. Il a également fait jouer la finale de la Supercoupe italienne en Libye, en échange d’un million de dollars (735.000 euros).

Par ailleurs président l’Al Ittihad de Tripoli, son équipe a toujours bénéficié d’un arbitrage très conciliant, comme ce fut le cas en 2000 lors d’un match ubuesque contre le club de Benghazi. Il s’est illustré en 2003 pour avoir fait ouvrir le feu sur les supporters d’un club adverse lors du championnat libyen. Bilan : au moins trois morts, alors même que le club d’en face appartient à son frère aîné.

Toujours acharné à vouloir marquer l’histoire du football, il avait organisé un match le 31 décembre 1999 à 23 heures… pour que son club marque le dernier but du millénaire. Depuis sa retraite sportive, son père lui aurait demandé de mettre entre parenthèses son amour du ballon rond. Une rumeur lui aurait quand même attribué en 2007 le souhait de racheter le club de football de Crystal Place, puis celui de Portsmouth. Le Milan AC aurait aussi été évoqué.

Hannibal, le Scarface de Libye. C’est le meilleur client des rubriques faits divers et people de la presse européenne. Hannibal s’illustre notamment en 2004 pour avoir été arrêté roulant à 140km/h sur les Champs-Elysées. Ce dernier envoie alors ses gardes du corps au contact des policiers et est vu le même soir en train de brandir ostensiblement une arme dans un palace parisien. Hannibal est également condamné en 2005 par la justice française pour avoir levé la main sur sa compagne, alors enceinte.

Dernier fait divers en date, il est arrêté en 2008 et mis en examen suite à la plainte de deux de ses domestiques pour mauvais traitement. Cette affaire a par la suite compliqué les relations entre la Suisse et le Libye. Pour parachever ces multiples faits divers, son nom a également été évoqué en 2006 dans le cadre d’une enquête sur un vaste réseau de prostitution de luxe sur la Côte d’Azur.

Aïcha, l’anti-impérialiste. Surnommé la “Claudia Schiffer de Syrte“ pour ses cheveux peroxydés, Aïcha a étudié le droit à l'Université Paris VII et a préparé une thèse sur l’impérialisme et le droit international : "Le tiers monde face à la légalité des actes du Conseil de sécurité". Mais l’invasion de l’Irak en 2003 l’a dissuadé de soutenir sa thèse car elle dit avoir alors perdu toute confiance dans le droit international. Elle s’est ensuite illustrée pour avoir fait partie des avocats de Saddam Hussein, sans grand succès.