L'ALERTE. Le gouvernement kényan est sur les dents. Vendredi, il a appelé ses habitants à suivre la Coupe du monde de football de chez eux. Les Kényans doivent éviter à tout prix de se rendre dans des lieux publics, moins d'une semaine après des attaques terroristes qui ont fait une soixantaine de morts.
"Les criminels pourraient profiter de la Coupe du monde". "Où c'est possible, les Kényans sont vivement encouragés à regarder les matches de la Coupe du monde dans le confort de leur maison plutôt que dans des lieux ouverts très fréquentés et non protégés", a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. "Bien que le gouvernement ait renforcé la sécurité dans tout le pays, les propriétaires de bars et de restaurants doivent dans le même temps maintenir un haut niveau d'alerte" afin de mettre en échec "les criminels qui pourraient tenter de profiter de la Coupe du monde pour perpétrer des actes criminels et violents", a ajouté le ministère.
En plein match. Deux raids nocturnes commis par des hommes armés ont fait, dimanche et lundi, une soixantaine de morts dans la localité de Mpeketoni et un village voisin, dans la région côtière de l'archipel touristique de Lamu (est). Au moment de l'attaque, des habitants de Mpeketoni suivaient des retransmissions de la Coupe du monde dans des bars et des restaurants.
Les islamistes somaliens shebab, liés à Al-Qaïda, que l'armée kényane combat en Somalie, ont revendiqué ces attaques. Pourtant, le président kényan Uhuru Kenyatta a nié leur implication et accusé des "réseaux politiques locaux" liés à "des gangs criminels". Juste avant le Mondial brésilien, le chef de la police, David Kimaiyo, avait promis des "mesures de sécurité suffisantes" pour protéger les fans de football. Mais le double raid a créé un choc dans le pays.
Une attaque particulièrement meurtrière. Il s'agit de l'opération la plus meurtrière et la plus spectaculaire depuis l'assaut mené par un commando shebab contre le centre commercial Westgate à Nairobi en septembre 2013. Au moins 67 personnes avaient alors péri. En 2010, en pleine Coupe du monde, un double attentat dans deux restaurants de Kampala, revendiqué par les shebab, avait fait au moins 76 morts.
Plusieurs pays d'Afrique de l'Est se sont mis en alerte avant le Mondial, notamment l'Ouganda, l'un des principaux fournisseurs de troupes à la Force de l'Union africaine (Amisom) qui combat depuis 2007 les shebab en Somalie.
Les shebabs prêts à attaquer dans d'autres pays. La Grande-Bretagne a également mis en garde ses citoyens sur des risques d'attentats dans les lieux publics retransmettant la Coupe du monde dans la région, notamment l'Ethiopie, Djibouti et le Kenya, qui fournissent tous des troupes à l'Amisom. Londres a mis l'accent sur Djibouti, estimant que les shebab préparaient d'autres attaques dans ce pays où ils ont revendiqué pour la première fois un attentat suicide fin mai contre un restaurant. L'attentat avait fait au moins un mort et plusieurs blessés.
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