>> L’ACTU. Trois militantes kurdes ont été abattues d’une balle dans la tête, jeudi, à Paris. L’une des victimes tuées à Paris serait une des fondatrices du PKK, le parti des travailleurs du Kurdistan. Europe1.fr fait un rapide retour sur l’histoire de ce peuple marqué par les persécutions et qui se cherche toujours un territoire reconnu.
Un peuple sans pays. On compte aujourd’hui dans le monde entre 25 et 37 millions de Kurdes. Ils vivent essentiellement au Kurdistan qui n’est pas un pays mais une région à cheval sur plusieurs pays comme la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie. Seuls l’Iran et l’Irak reconnaissent officiellement la région kurde située sur leur territoire.
Qui sont les Kurdes de France ? La communauté kurde en France compte plus de 150.000 personnes, majoritairement d'origine turque, selon une étude de 2006 de Rusen Werdi, experte de l'Institut kurde de Paris. L'immigration kurde en France est assez récente. Les premiers migrants kurdes sont arrivés dans le cadre d'accords bilatéraux conclus en 1965 entre la France et la Turquie. Les Kurdes originaires d'Irak, de Syrie ou d'Iran sont dans les années 70 très peu nombreux mais beaucoup plus politisés. Ils ont été attirés par la France pour les valeurs prônées en faveur des droits de l'homme et par la réputation culturelle de Paris.
Un peuple en quête d’un territoire reconnu. Depuis plus de cent ans, les Kurdes réclament leur autodétermination et la reconnaissance du Kurdistan en tant qu’Etat à part entière. Mais aucun des pays sur lesquels s’étale le Kurdistan n’est prêt à accepter de perdre un bout de territoire. Après la première guerre mondiale, les Alliés et l’empire Ottoman avait pourtant signé un traité de paix : le traité de Sèvres. Ce texte prévoit, entre autres, dans les articles 62 à 64, la création d'un territoire autonome des Kurdes qui comprend le sud-est de l'Anatolie.
Une histoire marquée par les persécutions. C’est surtout en Turquie que les conditions de vie sont particulièrement difficiles pour les Kurdes, mais aussi pour d’autres minorités comme les Arméniens. La Turquie combat violemment les membres du PKK, le parti des travailleurs du Kurdistan, considéré comme des terroristes par Ankara et ses alliés et donc interdit. Animé par l’idée de former un jour "un grand Kurdistan" le PKK mène depuis 1984 une lutte armée.
Des négociations tendues avec le PKK. Malgré l'hostilité d'une grande partie des Turcs à l'égard du PKK, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, est soucieux de mettre fin aux violences liées à la rébellion kurde, notamment en vue de sa possible candidature à l'élection présidentielle de 2014. Le gouvernement turc et le leader kurde seraient d'ailleurs parvenus en janvier à un accord-cadre sur les modalités de règlement du conflit, selon le quotidien turc Radikal.
Car le tribut est lourd à payer : en septembre dernier, le gouvernement turc avait annoncé lundi que l'armée avait tué environ 500 rebelles kurdes du PKK en un mois lors d'opérations dans le sud-est du pays. Le conflit kurde a coûté la vie à plus de 45.000 personnes depuis que les rebelles du PKK ont pris les armes en 1984.