L’INFO. Après le drame, ils craignent des représailles. A Nairobi, la communauté somalienne a peur d’être prise pour cible après l’attaque sanglante contre le centre commercial de Westgate, qui a fait au moins 67 morts. Le président kényan, Uhuru Kenyatta, a lancé un appel à rester "tolérant, attentif, généreux et loyaux les uns envers les autres". A Nairobi, Europe 1 a rencontré des Somaliens inquiets.
> ZOOM : Une attaque minutieusement préparée
"Ça peut encore arriver". Les habitants somaliens de Nairobi ont peur d’une chose : qu’une foule de Kényans en colère s’empare de la rue principale de leur quartier. Car quand les shebab revendiquent un attentat, les Somaliens installés dans la capitale kényane savent qu’ils deviennent des cibles pour des Kényans armés de machettes et de pierres. "Il y a un an, il y a eu une bombe pas très loin d’ici, une explosion dans un bus", se souvient Mohammed, libraire du quartier, au micro d’Europe 1. "Alors ils ont tous dit : ‘les Somaliens sont derrière ça !’. Ils nous ont attaqués et ça peut encore arriver", souligne-t-il.
Des viols commis par la police. Autre crainte, celle des viols. Par le passé, la police kényane a été accusée de brutalités et de viols dans la communauté somalienne après des attaques attribuées aux shebab dans le pays. Fin mai dernier, l’organisation Human Rights Watch faisait ainsi état de plus de mille réfugiés somaliens à Nairobi ayant subi des viols et des actes de torture, après une attaque revendiquée par les shebab dans une banlieue de la capitale.
La peur d’être expulsés. Beaucoup de ces réfugiés n’ont en outre pas de passeport et redoutent d’être expulsés. "A cause des attentats, on dit que les Somaliens sont des terroristes shebab. Même si ce n’est pas vrai, ils vont vous dire : ‘vous êtes avec les shebab’", explique une Somalienne.
Lors du siège de Westgate, des Somaliens ont distribué de l'eau et de la nourriture aux secours :
"On n’est pas pareils". A la sortie de la mosquée, Dassan confie à Europe 1 sa colère : il est somalien et musulman, mais certainement pas terroriste. "Les shebab, ce n’est pas marqué sur leur front. Ils peuvent être là, parmi nous. Même si on se ressemble, on n’est pas pareils. Eux, ce sont des criminels, c’est tout", martèle-t-il. Pour bien marquer cette différence, pendant l’attaque du centre commercial, des Somaliens présents sur place ont distribué de la nourriture et de l’eau aux équipes médicales et aux soldats.