Plus d’Internet, plus de téléphone. Les réseaux de communication étaient coupés en Syrie jeudi. Deux sociétés informatiques américaines chargées de surveiller le trafic sur le réseau ont constaté que le pays était désormais totalement privé d’Internet. Le régime de Bachar al-Assad a aussitôt imputé la panne aux "terroristes", c’est-à-dire aux rebelles. Ces militants, eux, disent "craindre que le régime criminel syrien ne prépare quelque chose", alors que des combats ont eu lieu sur la route menant à l’aéroport de Damas. Le point sur la situation.
• Une offensive "majeure" en vue. Si le régime fait cela, "c’est qu’il prépare une opération majeure", confirme Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie, à Europe1.fr. "Ces dernières semaines, les rebelles ont pas mal progressé. Là, le régime doit redresser la barre", analyse ce géographe, auteur notamment de L’Atlas du Proche-Orient arabe, pour qui la période est "propice" car les fêtes approchent et une opération d’envergure, par exemple sur Alep, au nord, fera "moins de bruit". Une offensive a d’ailleurs été lancée jeudi soir au sud-est de Damas, le long de la route menant à l’aéroport international, fermée depuis le matin.
• Plus de vols internationaux. La compagnie Emirates a annoncé qu’elle suspendait ses vols quotidiens pour la capitale syrienne "jusqu’à nouvel avis". Quant à Egyptair, elle a annulé son vol prévu vendredi pour Damas, en raison de la "détérioration de la situation".
• Les internautes privés de réseau. Depuis le début d’après-midi, Internet a cessé de fonctionner. Quant aux services de téléphonie fixe et mobile, ils ne fonctionnent plus que par intermittence, selon les habitants. Il s’agirait de la plus grave interruption des télécommunications depuis le début du soulèvement, il y a 20 mois. Auparavant, Internet avait été coupé "dans certaines zones", rappelle Fabrice Balanche. Mais jeudi, c’est tout le pays qui se voit privé de réseau. "La connexion en Syrie au réseau Internet s’est éteinte", note la société informatique américaine Renesys, expliquant que "les 84 blocs d’adresses IP en Syrie ne peuvent plus être atteints".
• Un pays "ennemi d’Internet". L’organisation Reporters sans frontières classe la Syrie parmi les pays "ennemis d’Internet". Depuis le début de la révolte, les rebelles utilisent le réseau pour diffuser informations et vidéos sur la répression. "Le régime a laissé faire, cela permettait aussi de ficher les opposants", note Fabrice Balanche. Pour lui, aujourd’hui, le régime de Bachar al-Assad a "intérêt à couper Internet", pour éviter que les mouvements de troupes soient signalés. Mais aussi car les rebelles disposent désormais de missiles sol-air. Le gouvernement peut encore garder la "maîtrise du ciel", mais en volant pour cela plus haut dans les airs. Qui dit tir de plus haut dit aussi tir moins précis et dégâts plus importants. Si le régime lance des "tapis de bombes", il voudra sans doute "éviter que cela filtre", en conclut Fabrice Balanche.