Le funeste bruit des masses. Le musée de Mossoul, une ville du nord de l'Irak, résonnait du bruit des masses des djihadistes de l'organisation Etat islamique (EI) jeudi. Les hommes de l'EI ont pénétré dans les couloirs et les salles de ce temple de la culture assyrienne, détruisant les sculptures millénaires et brûlant des livres antédiluviens, fleurons de l'art pré-islamique. Parmi ces œuvres à jamais perdues, un taureau ailé daté du VIIe siècle avant Jésus-Christ.
Certaines œuvres destinées au trafic. Vandales, mais aussi businessmen, les djihadistes de l'EI n'ont pas détruit toutes les pièces du musée, certaines d'entre elles ont été récupérées pour alimenter le réseau de trafic d’œuvres d'art qui permet à Abu Bakr al-Baghdadi de faire fonctionner son organisation. Pour les hommes venus tout casser dans le musée, "ces antiquités n'étaient que des idoles impies adorés il y a des siècles au lieu d'Allah", comme l'affirme, vindicatif, l'un des djihadistes sur une vidéo de propagande de l'EI. Des images désolantes de destruction d'une culture, qui ne sont pas sans rappeler celles des bouddhas de Bamiyan, saccagés par les talibans en Afghanistan en 2001.
L'UNESCO tire la sonnette d'alarme. Cependant, certaines des statues détruites sont en fait des répliques en plâtre, comme l'explique un journaliste de France 24. Pas de quoi apaiser Ali Cheikhmous, docteur en archéologie à l'université de Strasbourg, venu confier au micro d'Europe 1 son désespoir en tant que spécialiste, mais aussi en tant qu'homme : "C'est un jour très triste pour tous les archéologues. Ce qui s'est passé à Mossoul est une catastrophe : la majorité des objets sont authentiques, ces objets racontaient l'histoire de l'Irak mais pas seulement, ça nous concerne tous, c'est un héritage mondial parce qu'ils racontaient l'histoire d'une civilisation. Ils avaient résisté au temps depuis des milliers d'années, mais ces sauvages ont tout détruit".
L'Unesco a également réagi à cet acte de vandalisme, qui est "bien plus qu'une tragédie culturelle". La directrice générale de l'organisation internationale a réclamé la convocation d'un réunion de crise du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Un cri d'alarme relayé par Thomas Campbell, le directeur du Metropolitan Museum de New York, qui déplore une destruction "catastrophique" et a partagé sa "grande tristesse".
Ce n'est pas le premier acte de terrorisme culturel perpétré par les hommes de l'EI, qui avaient déjà brûlé 2.000 livres de la bibliothèque de Mossoul au début du mois de Février.
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