Jeudi 24 février. La date, inscrite à la craie, figure encore sur le tableau de la salle de classe dans la petite école de Duékoué. Cette ville, située dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, a été le théâtre de massacres en mars dernier durant la guerre civile entre partisans pro-Gbagbo et pro-Ouattara.
La leçon du jour était consacrée à "la conquête de la Côte d'Ivoire par la France". Pendant ce cours d''histoire, des hommes armés ont surgi dans l’enceinte de l'école. "Ils ont commencé à tirer. Les maîtres ont eu peur", se souvient Rodrigue, âgé de 7 ans. En quelques minutes, les élèves et les professeurs ont fui.
Recréer du lien social entre les communautés
Les militaires se sont alors livrés au pillage, emportant tables et chaises pour monter des barrages sur la route. C'est dans l'école qu'ils ont installé leur camp de base et leurs munitions.
Trois mois plus tard, l'établissement est saccagé. "Tout a été détruit. "Ils ont tout cassé", constate le directeur de l'école. Cela n'a pas empêché la reprise des cours. Sans cahiers, livres ni ardoises. Car l'objectif est essentiellement de recréer du lien social entre les enfants des différentes communautés.
La moitié des écoles ont pu rouvrir une classe
"Il faut permettre aux enfants de retrouver un environnement où ils peuvent être protégés et réapprendre à vivre", explique Constance Kouakou, qui gère le programme Education de l'Unicef.
Aujourd'hui, la moitié des écoles de l'Ouest du pays ont pu rouvrir au moins une de leurs classes. Les élèves vont maintenant travailler tout l'été pour essayer de combler le retard pris pendant ces trois mois de fermeture. Agés de 6 à 12 ans, ces enfants auront l'occasion de parler à des psychologues pour se libérer des massacres auxquels ils ont assistés.