L'ami des puissants. A 20 ans, il a déjà été émissaire du gouvernement espagnol, agent secret et ami de la maison royale. Enfin, c'est ce qu'il prétendait. Malgré tout son aplomb, Francisco Nicolás Gómez Iglesias, alias le petit Nicolas, étudiant en droit de 20 ans, a fini par être démasqué au mois d'octobre dernier. Après cinq ans d'une précoce carrière d'escroc culotté, capable de se faire passer pour l'ami des puissants.
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Une assurance à toute épreuve. Un mois après son entrée en détention, dans l'attente de son procès, il est apparu sur les plateaux de télévision de Telecinco pour la première fois, rapporte Newsweek (en anglais). Et il n'a rien perdu de son inébranlable assurance. Incarcéré pour "escroquerie et usage de faux" après avoir demandé 25.000 euros à un entrepreneur pour user de son influence dans la vente d'un immeuble, il a d'abord affirmé qu'il allait déposer une plainte contre la police qui ne lui a pas dévoilé la raison de son arrestation. Avant de déclarer avec de grands élans de sincérité "n'avoir jamais gagné d'argent sur le dos des autres".
Menaces de révélations. "J'ai uniquement agi pour le bien de l'Espagne. Appelez ça de l'ambition ou de la coopération mais j'étais uniquement guidé par l'envie de travailler pour l'Etat", a-t-il poursuivi. Avant de passer aux choses sérieuses, en enchaînant révélations croustillantes et sous-entendus évocateurs. "Le roi Juan Carlos (qui a abdiqué depuis) m'appelait, il m'envoyait des textos. Il m'a même répondu : 'Un grand merci pour ce message, amitiés, JC'."
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La preuve d'une certaine proximité avec la famille royale qui, à en croire le jeune homme, lui a permis d'obtenir "des informations sensibles qui pourraient ébranler toutes les institutions de l'Etat". Info ou intox, la performance de l'escroc précoce reste très étonnante. Comment celui qu'on surnomme "le Petit Nicolas" a-t-il pu se fondre à ce point dans l'élite espagnole ?
Membre d'un think-tank à 15 ans. A force de précocité (et de mensonges tous plus énormes les uns que les autres), il s'est rapidement fait un carnet d'adresse et un CV. A 15 ans, il intègre le AES, le think tank du Parti populaire (au pouvoir). Il trouve alors le moyen de s'asseoir aux côtés … d'Aznar, alors Premier ministre. Sa vie ressemble rapidement à un défilé de haut dignitaires, puisqu'il déjeune avec Miguel Canete, devenu aujourd'hui commissaire européen à l'énergie. Il prend vite confiance, et se présente sous de fausses identités, comme représentant du gouvernement, des services de renseignement ou de la maison royale. Le clou de son imposture : il participe à la cérémonie de couronnement du nouveau roi Felipe VI en juin dernier.
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Voitures présidentielles et repas officiels. Il profite des voitures de l'Etat, des repas officiels, et ne sera donc démasqué qu'en octobre dernier. Se faisant passer pour le conseiller de la vice-présidente du gouvernement, il demande 25.000 euros à un investisseur pour lui assurer la vente d'un immeuble. Les médecins qui l'ont examiné estiment que le jeune homme a une imagination délirante de type mégalomaniaque. On s'en serait douté.