L'INFO. Pour David Cameron, ces mesures sont "justifiées" car elles répondent à une crainte d'une partie de la population britannique. Le Premier ministre conservateur a annoncé lundi la mise en place de restrictions aux droits des immigrés en matière d'aide au logement, d'indemnité chômage mais également d'accès au système de santé.
Il a estimé que le système d'allocations sociales du Royaume-Uni était trop laxiste et souhaité que "l'accès aux services publics clés soit quelque chose que les immigrants gagnent, et non un droit automatique". "Nous voulons des gens qui s'intéressent à ce qu'ils peuvent offrir à la Grande-Bretagne", a-t-il martelé lors d'un discours à l'université d'Ipswich dans l'est de l'Angleterre.
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Quelles sont les mesures en question ?
• Chômage. Le versement de l'aide perçue par un immigré au chômage s'arrêtera au bout de six mois s'il n'a aucune perspective d'emploi, notamment en raison d'un niveau d'anglais insuffisant. Dans le système actuel, les immigrants venus de l'Espace économique européen -EEE, les pays de l'UE plus l'Islande, le Liechtenstein et la Norvège- peuvent toucher pendant leur période de chômage une indemnité de 71 livres par semaine (environ 85 euros).
• Santé. David Cameron s'en est aussi pris aux "touristes de la santé" abusant du National Health service (NHS), le système public de santé. "Soyons clairs : nous avons un service national gratuit de santé, ce n'est pas un service international", a-t-il affirmé. Le Premier ministre a exprimé sa volonté de récupérer auprès des pays membres de l'EEE l'argent dépensé pour soigner leurs ressortissants au Royaume-Uni, ce qui représente , selon Downing Street, une somme de 11 à 23 millions d'euros. Pour les pays extérieurs à l'EEE, le gouvernement envisage de rendre payants les soins dispensés et de requérir de la part du patient une assurance santé privée.
• Logement. Enfin concernant l'allocation logement, le Premier ministre a souhaité qu'elle soit désormais réservée aux immigrés ayant vécu au moins deux ans dans le pays.
Qui est dans le viseur ?
• Des amendes pour les fraudeurs. Les amendes auxquelles sont exposés les employeurs d'immigrés clandestins seront doublées et les propriétaires de logements pourraient également être visés.
• Les Roumains et les Bulgares, les premiers visés. Les mesures, qui doivent prendre effet d'ici le début 2014, ont notamment pour but de décourager la venue d'immigrés roumains et bulgares qui verront expirer l'an prochain les restrictions européennes sur leurs possibilités de séjourner et travailler dans les pays de l'Union européenne. Les sondages ont en effet montré que le sujet préoccupait fortement les électeurs et la popularité du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP) a fortement progressé après que cette formation eurosceptique, à la droite des conservateurs, a fait campagne sur ce sujet.
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Qu'en disent les autres partis ?
La classe politique britannique a longtemps été discrète sur ce sujet qui était laissé à l'extrême droite. Mais depuis plusieurs mois, le discours s'est durci.
Le chef de file des libéraux-démocrates, le vice-Premier ministre Nick Clegg, s'est aussi prononcé vendredi pour un système de dépôt de garantie destiné à éviter que les étrangers séjournant temporairement dans le pays ne s'y installent.
L'opposition travailliste a, elle, simplement relevé que les agences pour l'emploi au Royaume-Uni avaient déjà comme recommandations de retirer l'allocation chômage aux immigrants venus de l'EEE au bout de six mois s'ils ne recherchaient pas un emploi de façon effective.