L'INFO. Les partisans d'Al Qaïda pourraient tenter de venger, par des actions en France ou contre les intérêts français en Afrique et dans le monde, la mort de jihadistes tués au Mali et en Somalie par des soldats français, estiment des experts.
Les menaces. Plusieurs groupes ont déjà menacé la France. L'intervention militaire de la France contre les islamistes au Mali aura "des conséquences, non seulement pour les otages français, mais aussi pour tous les ressortissants français où qu'ils se trouvent dans le monde musulman", a prévenu un porte-parole du groupe rebelle Ansar Dine. "Les otages risquent la mort (...) François Hollande semble souhaiter la mort des otages. Il a choisi la solution de la guerre de sorte que les otages soient tués plutôt que de négocier", a-t-il ajouté un peu plus tard.
Vendredi, un porte-parole d'Aqmi, évoquant le sort des otages français aux mains de groupes islamistes en Afrique, avait déjà mis la France en garde : "Stoppez votre assaut contre nous, ou vous creuserez la tombe de vos propres enfants."
La France métropolitaine protégée ? Les spécialistes estiment néanmoins que des attaques sur le sol français restent peu probables. "Monter des actions de représailles terroristes en France serait l'idéal pour eux, mais je ne crois pas qu'ils en aient les moyens pour le moment", estime Dominique Thomas, spécialiste des mouvements islamistes à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).
Pour Louis Caprioli, ancien sous-directeur chargé de la lutte contre le terrorisme à la Direction de la surveillance du territoire (ex-DST), "Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a la volonté de frapper en France depuis des années. (...) Je ne pense pas qu'ils aient les structures opérationnelles pour cela." "Mais il y a sur le territoire national des gens qui ont été formés, qui ont suivi des stages d'entraînement terroriste notamment en Syrie et qui pourraient voir dans l'intervention français au Mali un prétexte pour passer à l'action, à court ou moyen terme", ajoute-t-il. "L'arrivée de soldats français, d'infidèles, en terre islamiste correspond exactement à un motif de lancement du jihad", prévient ce spécialiste.
Inquiétude pour les otages. Les otages français et les intérêts tricolores, notamment au Maghreb et dans les pays du Sahel, sont plus vulnérables et pourraient être visés. "En premier lieu, il y a bien sûr de quoi s'inquiéter pour le sort des otages français au Sahel, qui pourraient être les premiers à payer le prix de l'intervention des soldats français", analyse Dominique Thomas. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a souligné samedi que "la vie de tous les otages était en jeu hier, elle l'est aujourd'hui, elle le sera demain".