Dans quelques jours, le prochain numéro un chinois sera désigné officiellement. Le 18e congrès du Parti communiste chinois s’est ouvert jeudi dans le très imposant Grand palais du Peuple qui borde la place Tienanmen à Pékin. Cet événement politique majeur de la vie politique chinoise ne se produit qu’une fois tous les cinq ans, mais il ne suscite que peu d’intérêt chez les jeunes.
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Emmanuel Faux, envoyé spécial d’Europe 1 à Pékin, est parti à la rencontre de cette jeunesse désabusée.
"Les élections ne touchent pas tout le monde"
Les jeunes Chinois sont visiblement à mille lieues du décorum officiel et des discours du congrès. Dans le quartier de Sanlitun, à Pékin, les étudiants se sentent totalement exclus des changements à la tête du pays. Pour Li Dara, la raison majeure de ce désintérêt tient à l’absence d’élections nationales au suffrage universel.
"Le problème en Chine, c’est que les élections concernent quelques personnes mais ne touchent pas tout le monde. Le vote n’existe pas vraiment, donc on ne sait pas ce qui se passe au sommet", regrette la jeune femme au micro d’Europe 1, ajoutant que "même les résultats, on ne sait pas d’où ils sortent, donc ça n’intéresse pas grand monde".
"Soit on accepte ça, soit on part"
A cause du manque de transparence des dirigeants et d’une information totalement sous contrôle, les jeunes suivent les nouvelles politique avec un mélange de distance et de méfiance.
Justine, qui enseigne à l’Alliance française de Pékin, explique ainsi qu’elle est plutôt "concentrée sur [sa] vie et [son] travail". "Depuis 30 ans, je n’ai jamais voté, je ne me sent pas vraiment faire partie de cela", raconte-t-elle. Et de résumer, laconique : "soit on accepte ça, soit on part, c’est comme ça".
Certains ont déjà l’esprit un peu ailleurs. Un étudiant chinois à qui Europe 1 a demandé quel était pour lui le grand événement politique de la semaine a répondu tout de go : "c’est la réélection de Barack Obama aux États-Unis".
Sur les réseaux sociaux, les Chinois semblent amers. C'est notamment le cas de @zongxiaokai, qui raconte sur Weibo, le Twitter chinois, une blague de circonstances traduite par le blog ministryoftofu.com : "Les Américains disent : 'j'ai voté ce matin et je saurai qui est le prochain président des États-Unis ce soir'. Les Chinois disent, avec dédain : 'je n'ai pas à voter, et cela fait cinq ans que je connais le nom du prochain président chinois'".