Plusieurs milliers de membres de la magistrature égyptienne réunis mercredi au Caire ont accusé les Frères musulmans, dont le président Mohamed Morsi est issu, de porter atteinte à l'indépendance de la justice sous couvert de lutte contre la corruption.
La fossé ne cesse de se creuser entre l'appareil judiciaire et le pouvoir dans une Egypte déchirée par le débat sur son avenir après la "révolution du Nil", qui a mis fin en février 2011 au règne d'Hosni Moubarak.
Mohamed Fouad Gadalla, conseiller juridique du chef de l'Etat, a présenté sa démission mardi pour protester contre les tentatives des islamistes de "purger" le système judiciaire des magistrats liés à l'ancien régime.
Selon l'agence de presse officielle Mena, 10.000 juges et juristes étaient donc réunis mercredi pour évoquer une proposition de loi présentée par le parti islamiste modéré Al Wassat, allié des Frères musulmans, qui prévoit de ramener de 70 à 60 ans l'âge de retraite pour les magistrats, ce qui contraindrait 3.000 d'entre eux à quitter immédiatement leurs fonctions.
Pour Ahmed El Zend, président du Club des juges, il ne s'agit pas seulement d'une "purge" des partisans de l'ancien régime que les Frères disent corrompus. "Ce n'est pas l'objectif. Je jure que cela n'a rien à voir. L'objectif, c'est la 'confrérisation', a-t-il lancé à l'assistance, reprenant à son compte un terme de plus en plus populaire parmi les détracteurs du parti au pouvoir.