Liaisons dangereuses entre famille royale et gouvernement. Voilà une relation épistolaire au parfum de liaison dangereuse. En 2004 et 2005, le Prince Charles a écrit plusieurs lettres au caractère très politique à des ministres du gouvernement de Tony Blair. Et c’est bien là que le bât blesse, puisque dans la tradition constitutionnelle britannique, la monarchie, tête de l’Etat, "règne mais ne gouverne pas". Or, d’après les accusations du vénérable journal The Guardian (en anglais), le prince aurait fait du lobbying auprès de plusieurs ministres du gouvernement de Tony Blair entre 2004 et 2005.
Le Prince Charles surnommé Spiderman. Seules preuves de cette tentative d’ingérer dans les affaires du pays, ces 27 lettres "d’araignée noire", surnommées ainsi en référence à l’écriture si spéciale du Prince, faite de ratures et de points d’exclamations incessants. Dès 2005, The Guardian s’était procuré plusieurs de ces lettres adressées aux ministères de la Santé, de l’Environnement et de la Culture de l’époque. Mais le procureur avait alors empêché leur publication pour ne pas "porter préjudice au Prince Charles dans sa préparation au règne".
Une décennie de marathon judiciaire. Une décision finalement invalidée par la Cour Suprême jeudi. Par cinq votes pour la publication contre deux hostiles, la plus haute instance juridique britannique met ainsi fin à une décennie de marathon judiciaire. Et à ce petit jeu-là, c’est bien The Guardian qui sort vainqueur de son duel face à la famille royale. Ce qui ne manque pas de ravir son rédacteur en chef Alan Rusbridger.
Pas de révélations fracassantes en perspective. S’il ne faut pas s’attendre à des révélations fracassantes sur les positions du Prince Charles, cette décision de justice met l’héritier dans l’embarras. Buckingham Palace a fait part de sa "déception" suite à cette décision de justice qui n’a pas "préservé le principe de vie privée".
Cameron pas satisfait de la décision. Une jurisprudence d’importance pour la Grande-Bretagne puisque David Cameron, également mécontent du verdict, a indiqué dans la foulée que le gouvernement pourrait légiférer pour éviter qu’un tel scénario se reproduise. "Cette affaire touche à un principe qui veut que les membres de la famille royale puissent donner leur point de vue au gouvernement de manière confidentielle. Je pense que la plupart des gens sont d'accord avec ce principe", a ajouté le Premier ministre. Rien n’est moins sûr, puisque les journalistes du Guardian parlent eux d’un "grand jour" pour la transparence en politique.
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