La mort d’Oussama ben Laden, annoncée dans la nuit de dimanche à lundi par Barack Obama, pourrait être lourde de conséquences pour les otages français détenus au Sahel. Les quatre Français ont été enlevés en septembre 2010 par Aqmi, la branche maghrébine d’Al-Qaïda. Une branche dont le chef, l’émir Abdelmalek Droukdel, avait personnellement prêté allégeance à Ben Laden.
En novembre dernier, deux mois après le rapt des Français à Arlit, au Niger, le chef d'Aqmi, Abdelmalek Droukdel, avait indiqué que "toute forme de négociation sur les otages à l'avenir sera conduite avec personne d'autre" que Ben Laden et "selon ses conditions".
Une revanche "médiatisée"
Aqmi orphelin de son icône symbolique pourrait se venger en exécutant un ou plusieurs Français, selon certains experts. Mohamed Mokeddem, auteur du livre Aqmi, contrebande au nom de l'Islam, se dit "certain que la vie des otages est en danger". Pour Aqmi, "exécuter l'un de leurs captifs" serait "la revanche la plus spectaculaire et la plus médiatisée" possible, selon le spécialiste.
En revanche, d’autres experts avancent que la branche maghrébine d’Al-Qaïda ne risque pas de toucher à un cheveu des quatre salariés d’Areva, trop précieux pour faire monter les enchères dans la négociation avec les puissances occidentales.
Tensions internes à Aqmi
En tout cas, la mort de Ben Laden risque d’accentuer les tensions internes à Aqmi. Particulièrement entre Abdelmalek Droukdel et l’un de ses principaux lieutenants Abou Zeïd, qui détient les otages français. Ce dernier cherche depuis longtemps à s’émanciper d’Al-Qaïda. Une divergence à la tête de l’organisation terroriste qui pourrait aussi accélérer la libération des otages.
Mais la France ne semble pas prête à accéder à l’une des principales revendications d’Aqmi : le retrait des troupes d’Afghanistan. L’organisation avait diffusé le 27 avril dernier une vidéo des otages "suppliant" le président français Nicolas Sarkozy de se retirer d’Afghanistan. Lundi soir, François Fillon a répété sur France 2 qu’il n’en était pas question, même après la mort de Ben Laden. "Ben Laden ne représentait qu’une partie de l’insurrection en Afghanistan", sa mort ne signifie donc pas la fin de la guerre, a estimé le ministre de la Défense Gérard Longuet sur Europe 1. Néanmoins, le ministre a dit qu'il était possible d'"espérer une transition en 2014 en Afghanistan, c'est-à-dire plus de troupes de la coalition".