Quand elle a vu sa fille à la télévision, Sacha a fondu en larmes. C’est en tout cas ce que racontent ses voisins, dans le ghetto de Nikolaevo, en Bulgarie. Les tests ADN ont confirmé que cette femme rom et son mari, Atanas, étaient bien les parents biologiques de Maria, la petite fille surnommée "l’ange blond" trouvée dans un camp rom en Grèce.
Une enquête ouverte. La fillette aurait été vendue 250 euros à un autre couple de Roms. Le parquet bulgare a donc ouvert une enquête, jeudi, pour abandon d'enfant en rapport avec les investigations menées en Grèce. La confirmation est tombée dans l'après-midi : Atanas et Sacha Roussev sont bien les parents de la petite Maria.
Le couple, qui vit dans la poussière du ghetto rom de 700 habitants, a cinq autres enfants : un petit garçon de trois ans, lui aussi blond à la peau claire ; une fille de deux ans, aussi blonde que son frère et deux adolescentes. "Atanas et Sacha sont bruns, mais nous avons deux oncles blonds et certains des enfants sont comme eux", explique Filip Roussev, frère d'Atanas Roussev.
Trop cher pour ramener Maria en Bulgarie. "Les Roussev étaient en Grèce pour la cueillette des poivrons, illégalement, sans contrat. Quand leur fille est née, ils ne pouvaient pas obtenir des papiers d'identité à son nom pour la ramener en Bulgarie. Cela coûte cher. Ils l'ont donc laissée à une famille", explique Anton Kolev, un cousin.
Selon la police, Sacha Roussev a indiqué avoir reconnu à la télévision le couple rom auquel elle avait laissé son bébé en Grèce et les enquêteurs ont décidé de procéder à des tests ADN pour établir un lien de parenté éventuel entre les Roussev et Maria.
"Je ne l’ai pas vendue". A son retour des interrogatoires, dans la soirée de jeudi, Sacha Roussev, petite femme brune maigre et épuisée, soupire: "Je ne suis pas sûre que cette Maria soit ma fille, mais cela se pourrait. Et surtout je ne l'ai pas vendue! Si c'était le cas, aurions-nous vécu ainsi?". Les Roussev, âgés de 35 et 38 ans, habitent avec cinq de leurs neuf enfants dans une pièce meublée seulement d'un poêle à bois et d'un lit double. Les parents, sans emploi, vivent d'aides sociales et de travaux occasionnels.
Le ghetto rom, plongé dans la misère, manque de canalisations et ses habitants se plaignent d'inondations fréquentes. Les maisons sont décrépies, entourées de tas d'ordures, l'éclairage public n'existe pas. Les repas sont composés de pain, de haricots et de pommes de terre.
Les allocations chômage se chiffrent à 40 leva, environ 21 euros, par mois et les aides à 35 leva, soit 18 euros par enfant. Au regard de la grande pauvreté du couple, certains ne croient pas que les Roussev aient cédé gratuitement leur enfant en Grèce. "Ils auront touché 200 ou 300 euros qui leur ont servi pour retourner en Bulgarie", assure un jeune voisin ayant travaillé comme ouvrier en Grèce.
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