L’administration wallonne peut parfois se montrer pointilleuse. Selon une information publiée par le quotidien Le Soir et confirmée mardi, l’administration de la région belge a récemment rappelé les fumeurs à leurs devoirs. Les fonctionnaires wallons vont donc systématiquement "pointer" lorsqu'ils sortent fumer et ces pauses sont décomptées de leur temps de travail. Et donc retirées du salaire.
"La règle, c'est que quand on sort ou qu'on rentre du bâtiment, on s'enregistre à la pointeuse", a expliqué le porte-parole de l'administration régionale wallonne, Hugo Poliart. La règle du pointage est valable pour les quelque 10.000 fonctionnaires de l'administration régionale, en charge notamment des transports, de l'environnement ou encore des voies navigables, a-t-il ajouté, soulignant qu'elle ne visait pas spécifiquement les fumeurs mais concernait aussi par exemple une "personne qui va acheter une pomme".
"On les infantilise, alors on les surveille"
Il ne s'agit pas d'une nouvelle disposition, mais, suite à une demande de clarification d'un chef de service dans l'une des quelque 400 implantations de l'administration, la direction a rappelé cet été l'existence d'une circulaire datant de 2009 spécifiant que toutes les sorties devaient être enregistrées et les pauses décomptées du temps de travail.
L’information a fait tousser les syndicats et les salariés concernés. "J’ai pu voir du dégoût, de la révolte, du dépit encore", peste Xavier Lorent, du syndicat CSC, interrogé par Europe 1. "On les infantilise, on les estime incapables de se responsabiliser au niveau de leur conscience professionnelle du travail effectué. Alors, on les surveille. On va vers une société Big Brother. Cela nous effraye, car l’autorité met une pression énorme sur d’autres agents, afin qu’ils leur disent les noms des personnes qui étaient là pour fumer, à telle ou telle heure, afin de vérifier qu’elles ont toutes bien pointé. Ça, c’est de la délation, c’est inacceptable."
Vide juridique en France
En France, rien n’est prévu dans les textes, sinon qu’il est interdit de fumer dans des lieux affectés à un usage collectif, depuis le 1er janvier 2007. Mais rien sur les temps de pause. La décision revient donc à l’entreprise, au cas par cas. Côté judiciaire, les tribunaux ont pris des décisions diverses, selon le lieu de consommation du tabac et le temps de pause. Et en l’absence de jurisprudence claire, le vide juridique persiste.