C’est une petite révolution au Parlement européen. Jeudi, le groupe politique europhobe a été dissous après la défection d’une de ses eurodéputés, la Lettonne Iveta Grigule. Les élus d’Europe de la liberté et de la démocratie directe, soutenus par les populistes britanniques du Ukip, perdent donc de leur influence dans l’Hémicycle de Strasbourg avec cette dissolution.
Brillant tribun, l’europhobe Nigel Farage s’était illustré lors des auditions de la Commission Juncker par ses interventions mordantes. Son groupe n’aura finalement tenu que pour deux sessions, celle de juillet et celle de septembre. Le départ de l’élue lettonne le prive d’un élément essentiel pour obtenir le droit de former un groupe dans l’Hémicycle de Strasbourg : il faut que des élus de sept nationalités différentes soient rassemblés, ce qui n’est plus le cas avec la sortie de la Lettonne.
Les europhobes toujours là, mais sans pouvoir. Ce rapide échec du groupe populiste et europhobe met cette frange politique en grande difficulté à Strasbourg. Car la constitution d’une union d’eurodéputés au Parlement européen n’est pas que symbolique. Elle permet d’obtenir des moyens financiers et matériels, comme des salles de réunion, un budget de communication et de traduction, des bureaux, un secrétariat … mais aussi un réel pouvoir politique pour peser sur la législation européenne. Un eurodéputé, hors d’un groupe, n’a pas le droit de déposer de propositions de résolution (des propositions de loi) ou encore des amendements. Ses seuls droits : dire oui ou non lors d’un vote et participer aux discussions préparatoires.
Le FN se frotte les mains. Nigel Farage et ses alliés ne peuvent, donc, se réjouir de cette nouvelle. En revanche, d’autres députés se frottent les mains. Le Front National, par la voix de son vice-président et eurodéputé Florian Philippot, a qualifié d’Europe de la Liberté et de la démocratie directe de groupe "fait dans la précipitation", "ne tenant pas à grand-chose", a-t-il commenté pour le JDD. Il faut dire que Nigel Farage avait rallié à sa cause Joëlle Bergeron, dissidente du FN au Parlement européen, et courtisé les mêmes alliés potentiels que les eurodéputés français d’extrême droite. L’existence même d’Europe de la Liberté et de la démocratie directe mettait des bâtons dans les roues de Marine Le Pen, qui rêvait de se voir à la tête d’un groupe. Sa dissolution pourrait donc faire un appel d’air pour le FN, qui réaffirme, par la voix de Florian Philippot, son objectif de fonder une coalition politique. L’eurodéputé confirme qu’"il faudra s’organiser par rapport au calendrier, mais ça reste un objectif réalisable".
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