Le roi du Maroc se dit prêt à partager son pouvoir. Alors que le printemps arabe a notamment poussé l’ex-président tunisien Ben Ali à partir, Mohammed VI a proposé vendredi soir un projet de réformes constitutionnelles visant à renforcer le Premier ministre, tout en maintenant le statut religieux du monarque et son rôle de chef de l'Etat. Des propositions qui seront soumises à référendum le 1er juillet prochain.
Leur objectif affiché est de "consolider les piliers d'une monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale", a souligné le souverain dans un discours à la nation.Des promesses qui n'ont semble-t-il pas convaincu, puisqu'un appel à la manifestation a été lancé samedi.
Un chef du gouvernement renforcé
L'une des innovations de ce projet est le renforcement des pouvoirs du futur "chef du gouvernement" qui "sera désigné au sein du parti arrivé en tête des élections de la Chambre des représentants" du parlement par le souverain. Jusqu'ici le roi pouvait choisir le Premier ministre de son choix.
Ce Premier ministre aura notamment "le pouvoir de dissoudre la Chambre des représentants", la chambre basse du parlement. Dans l'actuelle constitution, la dissolution est du ressort exclusif du monarque.
Les femmes et la minorité berbère pas oubliés
Selon le préambule du nouveau projet, la langue amazighe, à savoir le berbère, sera désormais considérée comme seconde langue officielle avec l'arabe. Une grande partie des 32 millions de Marocains s'expriment dans l'un des trois dialectes berbères.
Mohammed VI a aussi proposé d'inscrire dans la constitution l'égalité entre hommes et femmes ainsi que la protection des droits de l'Homme reconnus universellement.
Le roi garde ses prérogatives religieuses
Mais le roi reste un acteur important du pouvoir exécutif, puisqu'il préside le conseil ministériel, au sein duquel les grandes stratégies de l'Etat sont déterminées, selon le nouveau projet.
Il restera aussi "Commandeur des croyants et chef de l'Etat" et sa personne sera "inviolable". Le "libre exercice du culte" sera garanti par le monarque, selon le discours royal, qui rappelle que l'islam est la religion d'Etat.
Il reste aussi le chef des armées et dispose du pouvoir d'accréditer les ambassadeurs et les diplomates. Un "Conseil supérieur de sécurité", présidé par le roi, sera créé et aura pour mission de "gérer les questions sécuritaires internes, structurelles et imprévues", note le monarque.
Promesses tenues ?
Avec ce projet, le roi du Maroc semble honorer ses promesses du 9 mars dernier. Il avait alors annoncé des réformes politiques importantes pour répondre aux manifestations qui se déroulent dans le royaume depuis le mois de février, à l'instar de ce qui s'est passé dans d'autres pays d'Afrique du Nord ou du Moyen-Orient.
Les jeunes manifestants du Mouvement du 20 février réclament régulièrement dans la rue plus de démocratie et la lutte contre la corruption au Maroc.