Les riches ne participeront pas au plan de rigueur de 45 milliards d'euros, annoncé à la mi-août par Silvio Berlusconi. Le Cavaliere et son allié la Ligue du Nord, à l'issue de huit heures de réunion lundi à Arcore, ont décidé d'abandonner la "contribution de solidarité", qui était prévue sur les revenus supérieurs à 90.000 euros. Une décision fustigée quasi-unanimement dans la presse italienne.
"Une manoeuvre-champagne"
Seuls le pro-Berlusconi Il Giornale, qui titre sur la "victoire" du chef du gouvernement, et le quotidien de droite Libero, saluent le pas en arrière de l'exécutif. Ils relaient notamment les paroles de Berlusconi, qui se dit "très satisfait" : ""J'avais dit que j'aurais mis en place cette contribution de solidarité avec le cœur très lourd, parce que j'ai toujours promis que nous ne voulions pas mettre les mains dans les poches des Italiens. Nous avons réussi à la supprimer avec d'autres sources de revenus". Le communiqué gouvernemental n'a cependant pas précisé quels étaient ces revenus de remplacement.
Dans son éditorial, La Repubblica, quotidien de centre-gauche, qualifie, lui, la mesure de "propagande", au service de "l'idéologie" du Cavaliere, qui a répété sa volonté de ne pas taxer les Italiens à maintes reprises. Pour le journaliste, c'est "une manœuvre-champagne", "inconsistante", qui sert à "contenter les riches amis de Berlusconi".
Et d'analyser : "le véritable vainqueur est Berlusconi", qui a pris le dessus à la fois sur son ministre de l'économie Giulio Tremonti, à l'origine du plan de rigueur, et sur Umberto Bossi, son allié très à droite de la Ligue du Nord.
"Le chaos"
Pour le leader de l'opposition Pier Luigi Bersani, dans La Stampa, ce n'est ni plus ni moins que "le chaos". Il "ne voit pas comment vont pouvoir tourner les comptes". "Les gens honnêtes sont touchés, pas ceux qui pratiquent l'évasion fiscale", renchérit-il. Il tacle en outre "la justice d'Arcore", qui ne taxe pas les riches, mais qui décide de ne plus inclure dans les années de cotisation les années de service militaire ou d'études.
Bankitalia, la banque centrale italienne, manifeste ses "doutes" dans le très modéré Il Tempo, et parle d'une "manœuvre qui va peser sur l'économie". Le quotidien économique Il Sole 24 Ore, lui, manifeste sa peur de la réaction des marchés de l'Europe et de la BCE. Pier Luigi Bersani, dans La Stampa, va encore plus loin et s'interroge sur l'image que donne l'Italie au monde.