Ce carnage risque d'aggraver un peu plus une situation déjà tendue. Dimanche, à l'aube, un soldat américain stationné dans la province de Kandahar, en Afghanistan, est sorti de sa base est s'est rendu dans plusieurs villages voisins, où il est rentré dans des maisons et a tiré sur des civils. Bilan : seize morts, dont des enfants et des personnes âgées. L'homme a été maîtrisé et placé en détention. Les talibans menacent de venger ce massacre.
D'après le New York Times, des villageois ont affirmé que cinq des victimes étaient des petites filles, âgées de six ans ou moins. Certains corps portaient des marques de brûlures, selon eux.
Des "actions insensées"
"Je ne peux pas expliquer les motivations derrière ces actions insensées, mais ce n'était en aucun cas autorisé par l'Isaf [la force armée de l'Otan]", a réagi le général Adrian Bradshaw, commandant adjoint de l'Isaf. Il a également exprimé ses "regrets sincères" et sa "peine" pour "cet incident épouvantable". Les États-Unis ont quant à eux présenté leurs "plus sincères condoléances" aux familles des victimes, assurant "le peuple afghan que le ou les individus responsables de cet acte seront identifiés et jugés".
Le président afghan Hamid Karzaï a condamné un massacre "impardonnable", rappelant que son gouvernement avait "condamné à maintes reprises des opérations conduites sous le nom de guerre contre la terreur, qui causent des pertes civiles. Mais quand des Afghans sont tués délibérément par des forces américaines, il s'agit d'un assassinat".
Les talibans jurent de venger le massacre
Au lendemain de la fusillade, les talibans ont de leur côté juré de venger le massacre, promettant de redoubler leurs attaques contre les "sauvages américains malades mentaux". Les talibans "vont se venger chacun des martyrs tués sauvagement par les envahisseurs", lit-on sur le site internet des insurgés islamistes.
La fusillade de dimanche est une véritable catastrophe pour l'Otan et ses troupes, de plus en plus régulièrement visées par des "tirs amis" de soldats afghans qu'elles forment. Entre les deux camps, la confiance est plombée et l'épisode de l'incinération d'exemplaires du Coran sur la base de Bagram a mis à mal la coopération entre Américains et Afghans. Entre le 23 février et le 1er mars, six militaires américains ont ainsi été abattus par des soldats afghans, et de violentes manifestations antiaméricaines ont fait 30 morts et 200 blessés.