Depuis le début du mouvement de contestation, parti le 16 décembre de Sidi Bouzid, la ville de Tunis avait été épargnée par la violence. Mardi soir, la capitale a été le théâtre d’émeutes pour la première fois, signe que le mouvement est loin de s’essouffler.
En conséquence, l'armée tunisienne s'est déployée dans les rues de la capitale. Des renforts militaires, soldats en armes, camions, jeeps et blindés, ont fait leur apparition dans Tunis pour la première fois depuis le déclenchement des affrontements.
"Nous n’avons pas peur"
Des centaines de jeunes gens ont lancé des pierres sur la police avant de saccager des magasins et de mettre le feu à une banque dans le faubourg ouvrier d'Ettadamen. Les forces de l'ordre ont tiré en l'air en guise de sommation pour disperser la foule. Par ailleurs, les manifestants avaient barré les axes routiers à l'aide de pneus enflammés, incendié un autobus et deux voitures et également mis le feu à un local de l'administration locale.
"Nous n'avons pas peur, nous n'avons pas peur, nous n'avons peur que de Dieu", scandait la foule, dont le gros s'est par la suite dispersé, la police pourchassant des groupuscules dans les ruelles avoisinantes. "Du pain, de l’eau et non à Ben Ali", lançaient également des centaines de manifestants dans la ville de Kasserine, proche de la capitale. Historie de faire comprendre qu’ils préfèrent encore la misère au régime du président tunisien. Et une illustration que le mouvement se radicalise.
21 morts durant le week-end
Ce nouvel accès de violence a éclaté peu après la publication d'un nouveau bilan officiel des morts depuis le début du mouvement comportant trois nouvelles victimes. Le gouvernement a, en revanche, rejeté les estimations plus élevées émanant d'organisations de défense des droits de l'homme. "Je vous confirme que le nombre de morts durant le week-end est de 21. Tous les autres chiffres donnés par la télévision et les agences qui parlent de 40 à 50 (morts) sont totalement faux", a déclaré le ministre des Communications, Samir Labidi lors d’une conférence de presse.
Le mouvement a éclaté le 18 décembre à Sidi Bouzid, une petite ville du centre-ouest du pays, après la tentative d'immolation par le feu d'un jeune chômeur protestant contre la confiscation par les autorités de son étal de fruits et légumes. Les participants aux émeutes veulent depuis protester contre la cherté de la vie et la pénurie d'emplois en Tunisie.