Un "émirat islamiste" au beau milieu d’une prison. Plusieurs centaines de détenus avaient investi depuis des années l’aile B de la prison de Roumieh, près de Beyrouth au Liban. Une situation exceptionnelle au point que les services pénitentiaires n’osaient même plus y pénétrer. Lundi, les forces libanaises ont mis fin à cette zone de non-droit qui existait dans la plus grande prison du pays.
Des attentats-suicides précipitent l’opération. Une partie des 300 islamistes de ce quartier, surnommé "la caverne d’Ali Baba", ont été transférés dans une autre partie de l’établissement. L'opération s’est déroulée "sans effusion de sang", dit le journal libanais L’Orient Le Jour.
Après des enquêtes montrant des liens entre des attentats au Liban et des détenus de l’aile B de Roumieh, le ministre libanais de l’Intérieur a décidé d’avancer cette opération prévue de longue date. La semaine dernière, neuf personnes sont mortes et 37 autres ont été blessées dans un double attentat suicide à Jabal Mohsen, dans le nord du pays.
Des armes, des téléphones, des ordinateurs. Comment en est-on arrivé à voir des attentats planifiés depuis une prison ? En 2007, explique Le Monde, des centaines de radicaux sont incarcérés après des affrontements avec le Fatah al-Islam. Isolés des détenus de droit commun, ils vivent dans des conditions régulièrement dénoncées par les ONG. Dans cette prison, ils retrouvent alors une autre milice fondamentaliste. A partir de 2009, relate le quotidien, certains des 900 détenus du bâtiment ont mis à bas des murs. Les agents pénitentiaires, eux, ont abandonné l’idée de contrôler l’aile B, et particulièrement son troisième étage réservé aux prisonniers les plus dangereux. Cinq ans plus tard, téléphones portables, ordinateurs et armes circulaient librement dans ce quartier de la prison de Roumieh.
L’inquiétude, désormais, porte sur le sort des soldats libanais qui se trouvent toujours entre les mains du Front Al-Nosra en Syrie. Le gouvernement libanais veut rassurer mais les djihadistes ont envoyé plusieurs messages concernant les otages depuis le démantèlement de leur QG de Beyrouth, notamment celui-ci : "En réponse à l'opération sécuritaire menée depuis ce matin à Roumieh, nous posons une question aux familles des militaires otages : Nous est-il demandé d'exécuter vos fils ?"