LA RÉACTION. Après quatre jours de garde à vue, le dirigeant républicain Gerry Adams a clamé son innocence, concernant un meurtre commis par l'IRA en 1972 et son attachement à la construction de la paix en Irlande du nord, dimanche soir à Belfast. "Je suis innocent de tout agissement concernant l'enlèvement, le meurtre ou l'inhumation de Jean McConville" a affirmé le président du Sinn Fein, 65 ans.
Des "mensonges". Selon Gerry Adams, l'essentiel des accusations portées contre lui proviennent d'articles de presse, de livres ou de photos, et s'inscrivent, dans le cadre d'une "campagne malveillante" et "mensongère". Le leader républicain a également critiqué la manière dont la police d'Irlande du Nord a géré son arrestation, et a déclaré qu'elle envoyait "un mauvais signal" pour la paix. "Ceux qui ont autorisé (cette arrestation) n'ont pas pris la bonne décision stratégique", a-t-il dit.
"C'est du passé". L'assassinat de Jean McConville constitue l'une des pages les plus sombres des troubles qui ont fait plus de 30 morts dans la province britannique. Cette veuve âgée de 37 ans et mère de 10 enfants avait été enlevée en décembre 1972 par l'Armée Républicaine Irlandaise, qui n'a admis son meurtre, d'une balle dans la nuque, qu'en 1999.
Jean McConville's son speaks out... front page of the May 2 edition of The News Letter, Northern Ireland. pic.twitter.com/XiKO0qmoyN— Belfast News Letter (@News_Letter) 1 Mai 2014
"Il faut construire la paix", a souligné dimanche soir Gerry Adams, en gaélique puis en anglais. "Le passé appartient au passé". "On ne peut revenir en arrière". "L'IRA n'existe plus. C'est terminé", a-t-il dit.
En pleine campagne. Le dirigeant est l'un des principaux artisans du processus officiel de réconciliation entre les communautés catholique et protestante scellé en 1998 dans la province britannique aujourd'hui dirigée par un gouvernement biconfessionnel. Il a par ailleurs critiqué le moment choisi pour son arrestation, en pleine campagne de son parti pour les élections européennes alors qu'il s'était déclaré disponible pour un interrogatoire voici deux mois.
Il a également assuré qu'étaient toujours à l'oeuvre en Ulster des individus représentant "le côté sombre du système britannique". Mais il s'est surtout employé à désamorcer la tension, assurant de son soutien la police d'Irlande du nord, pilier du processus de paix.
Gerry Adams avait quitté librement en fin d'après-midi le commissariat d'Antrim aux allures de camp retranché, à 30 kilomètres de Belfast, sans qu'aucune charge n'ait été retenue contre lui. La police a cependant précisé que le dossier comprenant le compte-rendu de l'interrogatoire allait être transmis aux services du procureur. Lequel décidera in fine s'il convient ou pas d'inculper le responsable politique.
Premier ministre et vice-Premier ministre s'invectivent. Gerry Adams a toujours nié avoir appartenu à l'IRA, dont le Sinn Fein a été l'aile politique. Sa garde à vue a suscité de vives critiques dans le camp catholique, qui accuse la police de "motivations politiques". Elle a aussi provoqué des tensions à la tête du gouvernement bi-confessionnel de cette province britannique.
L'ancien commandant de l'IRA Martin McGuinness, désormais vice-Premier ministre à Belfast, avait en effet menacé samedi de "reconsidérer" le soutien du Sinn Fein à la police. Il s'était alors attiré une riposte virulente du Premier ministre Peter Robinson (protestant unioniste), qui avait accusé le Sinn Fein d'avoir "franchi une ligne". "La menace (...) constitue une tentative de chantage abjecte et agressive", avait-il accusé.
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