Après la polémique liée aux propos de Michèle Alliot-Marie, qui avait proposé l’aide de la France au régime tunisien pendant les manifestations, la France a cette fois préféré prendre les devants.Et le fait savoir.
Vendredi, Bernard Valero, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, a annoncé que "les autorisations avaient été suspendues hier pour l'exportation de matériel sécuritaire à destination de Bahreïn et de la Libye". "Les événements des derniers jours ont été l'occasion de marquer que nous attendions des autorités de Bahreïn qu'elles traduisent dans les faits les engagements qu'elles ont pris", a-t-il ajouté.
Jeudi, Paris avait également déploré "l'usage excessif de la force ayant entraîné plusieurs morts ainsi que de nombreux blessés" et s'était déclarée "particulièrement préoccupée" par les derniers développements intervenus notamment à Bahrien, en Libye et au Yémen.
Mieux anticiper
Une façon pour la France de mieux anticiper les mouvements de protestation dans les pays arabes, alors que de violents affrontements ont actuellement lieu au Bahreïn et en Libye, où une partie de la population conteste les régimes en place. Les bilans s’élèvent vendredi à 24 morts en Libye, et à quatre morts et 231 blessés au Bahreïn.
La France avait en effet été accusée de ne pas avoir suffisamment anticipé les changements en Tunisie et en Egypte. Une attitude très différente de celle des Etats-Unis, beaucoup plus fermes sur ces sujets.
Les propos de Michèle Alliot-Marie ont ainsi fait date. "Nous proposons que le savoir-faire qui est reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité permette de régler des situations sécuritaires de ce type", avait lancé la ministre des Affaires étrangères devant l’Assemblée nationale, trois jours seulement avant le départ de Ben Ali.
Autre polémique : l'envoi par la France de sept tonnes grenades lacrymogènes à la Tunisie de Ben Ali. Le cargo avait été intercepté à Roissy à la veille de la fuite du dictateur vers l’Arabie saoudite.