Le compromis a été arraché au forceps. Après des jours d’atermoiement, les membres de l’Alliance atlantique ont trouvé un accord de principe sur le commandement militaire des opérations en Libye jeudi.
"La coalition constituée après la réunion de Paris va abandonner sa mission au plus vite et confier l'opération dans son ensemble à l'Otan avec un système de commandement unique", a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu à Ankara. "De ce fait, les demandes et les inquiétudes de la Turquie ont été entendues", a-t-il assuré.
Les grandes lignes de ce compromis ont été scellées jeudi. "Les pays de l'Otan sont d'accord pour lancer (le processus) qui va lui permettre de prendre le relais de la coalition lundi ou mardi", a souligné une source diplomatique. Les pays de l'Otan sont tombés d'accord pour prendre en charge la zone d'exclusion aérienne dans le ciel libyen, les dernières réserves de la Turquie ayant été levées. Toutefois, les frappes au sol, sont encore objet de discussions.
La coordination "doit rester politique"
Toutefois, tous les détails n'étaient pas encore réglés jeudi soir, notamment le "pilotage politique" de l'intervention qui selon toute vraisemblance restera hors de l'Otan. Il sera assuré par un "groupe de contact" distinct des pays participant aux opérations, y compris les pays arabes, la Ligue arabe et l'Union africaine, dont la première réunion est prévue mardi à Londres.
Le président français a d'ailleurs insiste sur ce point en marge du sommet. La coordination de l'intervention en Libye doit "rester éminemment politique", a souligné Nicolas Sarkozy. Certains pays, comme les Emirats arabes unis et le Qatar, participent à l'intervention mais "ne sont pas membres de l'Otan". "Il faudra bien qu'ils participent à la coordination politique de la coalition", a-t-il ajouté.
Les frappes continueront le "temps nécessaire"
La Turquie a longtemps bloqué un accord parce qu’elle refusait de voir l'Otan donner sa caution à des frappes au sol en Libye. Selon une source diplomatique, le compromis ferait en sorte que "les pays souhaitant mener des frappes en Libye (puissent) le faire et ceux qui y sont opposés ne pas le faire".
Concrètement, les premiers se chargeraient d'une zone d'exclusion aérienne élargie, où les bombardements sur des cibles au sol seraient autorisés, appelée "No fly zone plus". Les seconds seraient uniquement responsables de la surveillance aérienne et des batteries de défense antiaérienne.
La France, qui était en première ligne lors de la réunion de Paris, elle, a affirmé jeudi que la coalition allait "continuer les frappes aériennes" sur des cibles militaires "le temps nécessaire". Le chef de l'Etat français a toutefois ajouté que le sort de Mouammar Kadhafi était le "problème des Libyens". Tout comme l'avenir et les choix politiques de la Libye.