On les disait amateurs, peu entraînés. Et pourtant, en quelques semaines, les insurgés libyens ont réussi à renverser la vapeur et prendre la ville de Tripoli, faisant au passage prisonniers deux des fils Kadhafi. idier François, chef du service étranger d'Europe 1, analyse ce renversement de tendance.
L'attitude de Kadhafi a fait peur à ses fidèles
"Le régime s'est effondré de l'intérieur", décrypte Didier François. Certains dignitaires libyens ont commencé à avoir l'impression que le colonnel Kadhafi était en train de négocier son départ dans leur dos, ils ont alors fait défection, par peur. Ce mouvement a pris de l'ampleur avec la fuite du numéro deux du pouvoir, Abdel-Salam Jalloud, vers l'Italie il y a une quizaine de jours.
La défection de ce proche du Guide libyen, qui l'avait aidé à renverser la monarchie, a permis d'enclencher la mécanique. Les tribus de l'ouest du pays, sur lesquelles s'appuyait le régime, sont alors entrées en dissidence, "ce qui a terriblement affaibli les défenses de Tripoli", explique Didier François.
Les rebelles des montagnes à l'assaut de Tripoli
D'autre part, l'offensive de ces dernières heures n'a pas été menée par les rebelles de Benghazi - qui sont toujours bloqués dans l'est du pays, sans pouvoir prendre la ville de Bregha, précise Didier François. L'assaut contre Tripoli a été lancé par les rebelles de l'ouest du pays. Il s'agit en fait d'"un gros contingent des tribus de Zintan, ces fameux montagnards du djebel Nefoussa [les montagnes au nord-ouest de la Libye, à proximité de la Tunisie, ndlr], auxquels la France avait parachuté des armes au mois de juin", précise Didier François.
Des insurgés unis pour l'ultime attaque
Dernière explication avancée par le spécialiste d'Europe 1 : le changement de comportement des insurgés. Les différentes fractions rebelles ont en effet finalement réussi à s'unir pour lancer cette offensive. Des combattants de Misrata ont même symboliquement envoyé un commando par la mer pour participer à la prise de Tripoli, indique Didier François. "C'est la fameuse opération Sirène, qui a coordonné les tribus, les frappes de l'Otan mais aussi les gens du Conseil national de transition", explique le chef du service étranger d'Europe 1.
Une dernière question se pose désormais : comment cette unité qui s'était réalisée contre le régime va-t-elle survivre à la chute de Kadhafi ?