Libye : "dans la rue, je m'attendais à être mitraillée"

Les Français évacués de Libye sont rentrés à bord de la frégate Montcalm, arrivée vendredi matin à Toulon. © JACQUES THERENCE/EUROPE 1
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et Jacques Thérence, à Toulon , modifié à
LE RETOUR -

Les ressortissants français rentrés de Libye ont dû voyager en bateau à cause de la situation à l'aéroport de Tripoli. Ils racontent l'enfer.

Impossible pour eux de prendre l'avion : c'est en bateau que les ressortissants français évacués mercredi de Libye ont traversé la Méditerranée. L'aéroport de Tripoli étant le théâtre de violents affrontements entre milices rivales, la France, qui avait appelé ses ressortissants à quitter le pays lundi, a en effet préféré envoyer la frégate Montcalm au large des côtes libyennes. Au total, 40 Français et sept Britanniques ont fait le voyage pour s'échapper de cet enfer.

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Une opération rapide. Mercredi, le Montcalm est arrivée à 2 heures du matin à Tripoli, rejointe par un autre bâtiment français. Le commandant Vincent du Gardin a alors donné l'ordre d'aller très vite. 

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"J'ai d'abord envoyé un groupe de commando à 4 heures pour sécuriser la zone portuaire. A 5 heures, on a chargé les groupes de ressortissants dans les embarcations. A 6h15 les derniers groupes embarquaient à bord du Montcalm et du Courbet [l'autre navire présent au large de Tripoli, depuis reparti en mission, ndlr]", raconte le commandant au micro d'Europe 1. Pour évacuer les 47 Français et Britanniques, il aura donc fallu moins de quatre heures. 

"Plutôt sereins". Parmi les évacués, des diplomates, dont l'ambassadeur de France, et leurs familles, avec de jeunes enfants et même… deux chiens. Tous ont ensuite été regroupés sur le même navire, qui a aussitôt repris la direction de la France. Le commandant Vincent du Gardin confie avoir trouvé les exfiltrés épuisés. Tout en se disant "surpris de voir à quel point ils étaient plutôt sereins". "Ils ont bien dormi, parce que je crois que la nuit précédente avait été extrêmement courte, voire épuisante", poursuit le commandant. Les évacués, une fois reposés, ont pu visiter le bateau avec "des groupes de marins".

"Tripoli se refermait comme une nasse". "Un ou deux ont fait part de souvenirs un peu pénibles, ils ont été pris en charge par le médecin du bord qui les a écouté", indique encore le commandant. La petite Joude, 8 ans, partie en vacances en juin chez sa grand-mère en Libye, raconte ainsi avec ses mots d'enfants avoir vu "des feux d'artifice devant notre maison". "Moi je croyais que c'était des orages, parce que ça faisait de la lumière dans le ciel. Ma mamie est sortie, elle a dit 'rentre', parce qu'elle avait peur pour moi et pour elle", poursuit l'enfant. 

D'autres racontent que la peur s'étaient surtout installée ces deux dernières semaines, avec le chaos en ville, l'aéroport détruit, les pénuries d'essence et surtout la peur de mourir. "Chaque fois qu'il y a eu un assassinat d'un Occidental dans la rue, quand je marchais, je m'attendais à être mitraillée", confie une femme. "Un incident verbal, ça tourne mal", assure de son côté un autre Français. Dimanche, c'est l'ambassadeur qui a lui-même appelé les familles, car "c'était devenu trop dangereux". "Tripoli se refermait comme une nasse sur les citoyens étrangers qui y étaient. Nous leur avons donné le choix de partir ou pas", indique-t-il. Quarante Français et sept Britanniques ont fait le choix de partir, en laissant tout derrière eux. Ils ont été pris en charge par le ministère des Affaires étrangères.

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