Une aide militaire aux rebelles : le sujet commence à être évoqué par la communauté internationale. Alors qu'un "groupe de contact" sur la Libye, comprenant une quarantaine de pays et d'organisations régionales, s'est réuni mardi pour la première fois à Londres, le ministre français des Affaires étrangères avait déclaré que la France était prête à discuter avec ses alliés d'un possible armement des insurgés opposés au régime de Mouammar Kadhafi. Alain Juppé a, toutefois, reconnu que ce n'était pas prévu par les récentes résolutions de l'ONU.
Armer les rebelles : les pays de la coalition divisés
Armer les rebelles est une éventualité que les Etats-Unis "n'excluent pas". Mais, a précisé le président américain Barack Obama : "je ne dis pas non plus que cela va se faire". Une position qui illustre les atermoiements de pays qui ont, pour la plupart, pourtant approuvé les frappes de la coalition contre les forces de Kadhafi.
La France y est favorable, tout comme le Royaume-Uni. "Nous ne l'excluons pas, mais nous n'avons pas pris la décision de le faire", a déclaré mercredi le Premier ministre britannique, David Cameron. A l'inverse, l'Italie s'y oppose et y voit "une mesure extrême", tout comme la Norvège. Il s'agit "d'une étape (qui va) trop loin", a réagi mercredi le ministre des Affaires étrangères belge. La Russie a elle aussi formulé un refus catégorique.
"C'est aux Libyens de s'en débarrasser"
A l'ouverture de la première réunion du genre pour le "groupe de contact", la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a prévenu : les frappes de la coalition continueront "jusqu'à ce que Kadhafi remplisse pleinement les conditions de la résolution de l'ONU", soit un cessez-le-feu immédiat et un accès pour l'aide humanitaire.
Premier objectif affiché par le groupe : demander un cessez-le-feu, pour consolider à moyen terme l’action de la coalition internationale et montrer aux civils que les militaires étrangers sont là pour les protéger. "Kadhafi et son régime ont perdu toute légitimité et seront tenus responsables de leur action", a insisté le texte final, tout en précisant que "seuls les Libyens" pouvaient choisir leur avenir. "C'est aux Libyens de s'en débarrasser", a indiqué, de son côté, le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé.
"La précondition (pour la sortie de crise), c'est qu'il quitte le pays" a ainsi assuré le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini, estimant toutefois qu'aucun pays ne lui avait offert à ce stade l'exil, pas forcément synonyme "d'immunité".
Proposer l’exil à Kadhafi
Le groupe de contact veut surtout à terme pousser le colonel Kadhafi vers la porte de sortie, en lui proposant de s’exiler, comme l’a suggéré Rome lundi. L’hypothèse la plus conciliante serait de faire en sorte que le dirigeant libyen soit accueilli dans un pays où la compétence de la Cour pénale internationale (CPI) n’est pas reconnu, ce qui est le cas du Soudan. Le 3 mars, le procureur de la Cour pénale internationale a annoncé l'ouverture d'une enquête pour crimes contre l'humanité en Libye, visant le colonel Mouammar Kadhafi, ses fils et plusieurs hauts responsables libyens.
Il s’agit aussi de désolidariser Mouammar Kadhafi de ses partisans, en leur proposant de les protéger d’un procès devant la CPI s’ils rallient l’opposition.