Au sixième jour de l’intervention de la coalition internationale en Libye, le flou persiste sur le commandement des opérations. Les Etats-Unis, qui assument le leadership, veulent prendre leur distance, mais personne ne semble en mesure de prendre le relais, sinon l’Otan… dont les membres ne parviennent pas à se mettre d’accord. Analyse de l’imbroglio par Didier François, spécialiste défense à Europe 1.
Qui commande aujourd’hui ? Pour l’heure, très clairement, ce sont les Etats-Unis qui mènent l’intervention militaire de la coalition internationale en Libye depuis six jours. Un leadership presque naturel, incarné par un général américain, qui coordonne depuis son quartier général de Ramstein, une très grosse base implantée en Allemagne, l’ensemble des missions menées sur le pays de Kadhafi. Mais Washington a déjà fort à faire sur d’autres fronts notamment en Afghanistan, qui reste sa priorité.
Qui pour commander demain ? Les Etats-Unis aimeraient donc se désengager rapidement des opérations en Libye. Mais personne, ni la France ne la Grande-Bretagne, ne semble en mesure de commander une coalition aussi vaste et disparate. Malgré les réticences de Paris, c’est donc l’Otan qui devrait finir par diriger les opérations, très probablement depuis son quartier général de Naples.
Pourquoi ça coince ? La question des cibles divise les pays membre de l’alliance atlantique. La France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis estiment que les troupes du colonel Kadhafi, ses blindés et ses camions menacent directement la population civile, et qu’ils sont donc des cibles légitimes. Mais d’autres Etats, comme l’Allemagne ou la Turquie, sont fondamentalement opposés aux frappes au sol.
Vers un compromis. Nicolas Sarkozy n’aura donc probablement par d’autres choix que de céder sur un compromis. L’Otan planifiera donc probablement les différentes missions dans le ciel libyen, mais chaque pays conservera le commandement opérationnel de ses forces. Et restera donc libre de définir ses cibles.