Libye : l’offensive désormais critiquée

© REUTERS
  • Copié
avec agences , modifié à
L’Allemagne, la Ligue arabe et la Russie ont émis des fortes réserves sur l’offensive militaire en cours.

Trois jours seulement après son lancement, l’action de la coalition menée par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France contre le régime de Kadhafi ne fait pas l’unanimité. Plusieurs chefs d’Etat et présidents d’organisations internationales commencent à exprimer à haute voix leur scepticisme.

La Ligue arabe devient méfiante. Le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, a critiqué dimanche les bombardements de la coalition internationale, estimant qu'ils s'écartent de l’objectif initial, à savoir "protéger les civils libyens" des forces du régime Kadhafi.

"Ce qui s'est passé en Libye diffère du but qui est d'imposer une zone d'exclusion aérienne, et ce que nous voulons c'est la protection des civils et pas le bombardement d'autres civils", a-t-il regretté. Amr Moussa a depuis nuancé ses propos, arguant qu’ils avaient été "mal interprétés".

L’Allemagne reste en retrait. Dès le début des concertations pour constituer une alliance, l'Allemagne a émis des réserves et n’a pas souhaité participé au volet militaire de l’opération. Un scepticisme renforcé depuis les critiques émises par la Ligue arabe.

"Nous avons dit très clairement depuis le début que nous ne participerions pas. (…)Cela signifie que nous estimons qu'il y a des risques, et lorsque nous entendons ce que la Ligue arabe a dit hier, malheureusement, nous constatons que nous avions des raisons d'être préoccupés", a réagi lundi le ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle.

L’Union africaine prône le dialogue. L’Union africaine a également privilégié une résolution du conflit par le dialogue. Le président sud-africain Jacob Zuma va envoyer dimanche des représentants en Libye dans le cadre d'une mission de l'Union africaine (UA) pour tenter de résoudre la crise qui secoue le pays.

Inde et Chine opposées à l’usage de la force. "L'Inde appelle toutes les parties à renoncer à la violence et à l'usage de la menace et de la force pour résoudre les différends. Je pense que l'urgence du moment est de cesser le conflit armé", a détaillé lundi le ministre indien des Affaires étrangères, estimant que les attaques risquaient de toucher plus de "civils innocents, de citoyens étrangers et de missions diplomatiques".

Même son de cloche du côté de la Chine, qui s’est contentée d’un communiqué dans lequel elle "exprime ses regrets concernant les attaques militaires contre la Libye".

La Russie parle de "croisade" et s’embrouille. Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a été le plus virulent, expliquant lundi que la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU, en vertu de laquelle agissent les forces de la coalition internationale en Libye, "me fait penser à l'appel aux croisades à l'époque du Moyen-Age".

"A l'époque de Bill Clinton, on a bombardé la Yougoslavie et Belgrade, (George W.) Bush a envoyé des troupes en Afghanistan, ensuite, sous de faux prétextes, on a envoyé des troupes en Irak. (...) Aujourd'hui, c'est au tour de la Libye. (…) Cela devient une tendance forte et une constante dans la (politique) des Etats-Unis", ", a-t-il déclaré devant les ouvriers d'une usine d'armement de Votkinsk, en Sibérie. Mais, chose rare, cette sortie médiatique a immédiatement été désapprouvée par le président Dimitri Medvedev.