Trois mois après le début de l’intervention militaire en Libye, le colonel Kadhafi est toujours à la tête du pays. La France, qui était et est toujours à la pointe de la coalition, n’a pourtant pas ménagé sa peine. Diplomatiquement, d’abord, mais aussi matériellement. D’après des informations révélées mercredi matin par Europe 1, Paris a parachuté il y a plusieurs semaines des armes à destination des rebelles libyens. Une information confirmée quelques heures plus tard par l'état-major français, s'attirant au passage les critiques de la Grande-Bretagne.
Objectif Tripoli
Les rebelles sont depuis un peu plus de six semaines maintenant, dotés en armement français de grande qualité. Il s’agit de lance-roquettes et de missiles antichars Milan notamment, qui ont été largués dans la région montagneuse du Djebel Nafissa, au sud de Tripoli, par les forces françaises grâce à des parachutes dont seule l’armée française au sein de la coalition dispose. Ces "moyens d'autodéfense" ont été largués début juin sur la région du djebel Nefoussa, a pour sa part déclaré mercredi le porte-parole de l'état-major, le colonel Thierry Burkhard.
Ce sont des parachutes qui ne se déploient qu’à 200 mètres de hauteur. L’arsenal a été complété par d’autres livraisons, effectuées par les forces du Qatar et des Emirats arabes unis sur des pistes d’atterrissage de fortune qui ont été construites depuis. "Il y avait du largage humanitaire et il s'est avéré qu'à un moment la situation sécuritaire menaçait les populations qui n'avaient pas les moyens de se défendre", a rapporté le colonel Burkhard.
L’objectif est que les rebelles soient fin prêts quand ils décideront de se lancer à l’assaut de la capitale Tripoli. D’après des documents "confidentiels défense" qu’Europe 1 a pu consulter, et qui ont servi de matériel de discussion mardi à l’Elysée entre le président Sarkozy et le Premier ministre du Conseil national de transition (CNT) libyen, les rebelles sont désormais maîtres d’une demi-douzaine de localités sur la ligne de crête du Djebel Nafoussa, à moins d’une centaine de kilomètres de Tripoli.
Kadhafi protégé par des mercenaires serbes
Au total, les rebelles du front sud, qui sont des berbères, sont donc idéalement placés géographiquement et disposeraient de suffisamment d’armement pour descendre vers la plaine et progresser vers Tripoli. En chemin, ils pourraient faire la jonction avec les rebelles de l’Est et prendre ainsi la capitale dans une sorte d’étau. Mais il faudrait pour cela bien entendu que le régime de Kadhafi s’affaiblisse davantage.
Selon une source haut placée, le colonel Kadhafi ne peut plus négocier maintenant son sort personnel. Il ne devrait sa survie qu’à un changement de résidence régulier, et passeraient des nuits dans des hôpitaux, des hôtels. Il bénéficierait également de la protection de mercenaires serbes, ce qui est une nouveauté.
Le scénario de l’assaut final sur Tripoli reste donc un vœu, une hypothèse. Mais il se disait mardi à l’Elysée qu’il fallait désormais compter en semaines et non plus en mois.