Les ministres des Affaires étrangères de l'Otan, divisés sur l'urgence de durcir l'intervention militaire contre le leader libyen Mouammar Kadhafi, se sont retrouvés jeudi à Berlin. A l'issue de la réunion, les alliés ont cherché à minimiser leurs divergences. Mais aucun consensus n'a été trouvé et le flou demeure sur les moyens mis en oeuvre comme sur les objectifs.
La France reste convaincue de l'utilité des frappes aérienne et aspire même à ce qu'elles soient intensifiées. Tandis que l'Allemagne privilégie depuis le début la solution politique. "Il n'y a pas de solution militaire en Libye", a répété une nouvelle fois Guido Westerwelle, le ministre allemand des Affaires étrangères.
Juppé minimise les divergences...
Pour autant, son homologue français Alain Juppé a tenu à minimiser les divergences franco-allemandes. "Si Guido Westerwelle était en train de nous dire que l'Allemagne souhaitait que Kadhafi reste au pouvoir, nous aurions un vrai problème", a déclaré le ministre devant la presse. "Nous avons, comme il le dit, une divergence sur l'un des moyens d'y parvenir, qui est l'intervention militaire. Cette divergence existe, mais mais ce n'est pas pour cela que la confiance entre l'Allemagne et la France est rompue", a-t-il martelé.
Sur le fond, les deux pays souhaitent renforcer le Conseil national de transition, qui sera soutenu financièrement, et veulent le départ du colonel Kadhafi. Pour l'Allemagne, comme pour la France, un cessez-le-feu ne suffit pas. Il faut que Mouammar Kadhafi ordonne un retrait de ses troupes dans les casernes sur les positions qui étaient les leurs avant le début de l'offensive.
... mais il y a du brouillage sur la ligne
Pour sa part, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a assuré que les Etats-Unis "soutiendraient fortement" l'opération de l'Otan en Libye jusqu'au départ de Kadhafi. Mais les Etats-Unis refusent de revenir en première ligne dans l'opération militaire contre la Libye, a regretté Alain Juppé, au nom de la France.
De son côté, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé jeudi à une solution "politique" et à un "cessez-le-feu immédiat" en Libye lors d'une réunion internationale à la Ligue arabe au Caire, tandis que la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a réclamé le départ du colonel Kadhafi.
Sur le terrain, le chef d'état-major de l'armée de l'air française, le général Jean-Paul Palomeros, a malgré tout affiché sa confiance. Invité d'Europe 1 Soir, il a affirmé que le commandement de l'opération en Libye sous l'égide de l'Otan fonctionnait "de mieux en mieux" "Il n'y a pas eu vraiment de rupture, simplement il y a un rodage, maintenant ces structures sont bien au point, ça marche de mieux en mieux", a-t-il certifié.