Les membres de la délégation de l'Union africaine (UA) diligentés en Libye ont fait chou blanc lundi. Leur proposition de cessez-le-feu dans le cadre d'une feuille de route, acceptée dimanche soir par Mouammar Kadhafi, a été rejetée lundi par la rébellion libyenne.
"L'initiative qui a été présentée aujourd'hui est dépassée. Le peuple réclame le départ de Mouammar Kadhafi et de ses fils", a déclaré le chef du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil. "Toute initiative ne tenant pas compte de cette demande n'est pas digne de considération, a-t-il insisté.
Cette "feuille de route" prévoyait la cessation immédiate des hostilités, un acheminement de l'aide humanitaire et le lancement d'un dialogue en vue d'une transition, mais pas le départ immédiat du colonel au pouvoir depuis plus de 40 ans et confronté depuis mi-février à une rébellion.
L'UA a tenté la carte de la diplomatie
Les présidents africains accueillis à Benghazi par des milliers de personnes scandant "Va-t'en Kadhafi", ont quitté leur hôtel lundi. L'objectif pour ce petit groupe, composé des présidents Jacob Zuma (Afrique du Sud), Amadou Toumani Touré (Mali), Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie) et Denis Sassou Nguesso (Congo), était d'assurer une issue pacifique au conflit en Libye.
Dimanche, ils avaient rencontré à Tripoli le colonel Kadhafi dans sa résidence de Bab el-Aziziya. "La délégation du frère leader a accepté la feuille de route", avait annoncé dans la soirée le président sud-africain Jacob Zuma, qui avait mené la délégation avant de quitter le pays dimanche. L'Union européenne avait aussi apporté son soutien aux "efforts de l'UA en vue de trouver une solution politique".
Les opérations militaires continuent
L'Otan avait indiqué lundi avoir pris note de la "feuille de route" de l'Union africaine. "Depuis le début de la crise libyenne, l'Otan a été en contact permanent avec l'Union africaine et d'autres organisations internationales et régionales", avait-elle indiqué, ajoutant, "nous avons toujours affirmé qu'il n'y aurait pas de solution purement militaire à la crise. Nous accueillons toutes les contributions à l'effort international visant à mettre un terme aux violences commises contre la population civile en Libye".
Mais l'Otan n'a pas pour autant stoppé ses frappes aériennes. "Nous continuerons à faire pression sur les forces qui menacent les civils et nos opérations vont se poursuivre", a dit un responsable de l'Otan, qui a requis l'anonymat. "Nos avions volent toujours (dans le ciel libyen) et quand nous voyons une menace pour les civils nous agissons", a-t-il ajouté. Il a par ailleurs fait savoir que les forces de Kadhafi avaient bombardé la ville de Misrata, dans l'ouest de la Libye, lundi matin, ajoutant qu'"il ne semble pas que l'information faisant état d'un accord de paix ait une quelconque substance".
L'Italie ne veut pas "de la famille Kadhafi"
De son côté, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, avait estimé lundi matin que le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et sa famille ne pourraient jouer aucun rôle politique de premier plan en Libye à l'avenir, dans un entretien à Europe 1. "Je ne peux pas l'accepter. Je crois que la France et le Royaume-Uni non plus. Les fils, la famille de Kadhafi ne peut pas participer au futur politique de la Libye", a-t-il expliqué, ajoutant : "Je crois qu'il (Mouammar Kadhafi) doit se retirer. C'est une pré-condition pour qu'on puisse repartir avec la réconciliation nationale libyenne", a déclaré le ministre italien, au lendemain d'une médiation de l'Union africaine à Tripoli.