Libye : le scénario de l'intervention

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Quand pourrait avoir lieu cette intervention ? Qui y participerait ? Décryptage.

A l'issue de trois jours d'âpres négociations, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté jeudi soir en faveur d'un recours à la force contre les troupes du colonel Mouammar Kadhafi, ouvrant la voie à des frappes aériennes en Libye. Que va-t-il se passer désormais ? Europe1.fr décrypte les évolutions possibles.

Quel est l’objectif de la résolution de l’ONU ? La résolution autorise à prendre "toutes les mesures nécessaires" pour protéger les civils et imposer un cessez-le-feu, mais précise qu'il n'est pas question d'occupation militaire. Il s'agit de "sidérer psychologiquement les forces de Kadhafi et lui-même sans frapper trop durement pour ne pas remobiliser certaines tribus", a analysé Pierre Servent, spécialiste des questions de défense, vendredi matin sur Europe 1. "L'objectif est d'amener Kadhafi à une reddition rapide", a-t-il ajouté.

Qui pourrait participer à une intervention militaire ? En première ligne dans cette affaire, le Royaume-Uni et la France figurent parmi les nations les plus impliquées. Les Etats-Unis, le Canada, la Norvège ont aussi annoncé leur participation. La Pologne est prête à offrir ses avions de transport, mais exclut sa participation à une force de frappe.

L’Australie et le Danemark sont en train de définir leur position. S’étant abstenu lors du vote onusien, la Chine et la Russie ne devraient pas y participer, tout comme l'Allemagne, le Brésil et l'Inde.

Dans quel délai une intervention militaire peut-elle être effectuée ? Les frappes militaires contre la Libye interviendront "rapidement", "dans quelques heures", a déclaré le porte-parole du gouvernement François Baroin, vendredi matin sur RTL. "S’il s’agit d’arrêter dans l’urgence une colonne de chars qui monte à l’assaut de Benghazi, une frappe d’intervention peut être mise sur pied en seulement quelques heures. Si, en revanche, il s’agit d’instaurer de manière permanente une zone d’exclusion aérienne sur l’ensemble du territoire libyen, il va falloir compter quelques jours", décrypte Didier François, spécialiste des questions de Défense à Europe 1.

"La vraie difficulté dans ce type de coalition est d’organiser la coordination des forces, et cela dans la durée. Par exemple, les Canadiens vont fournir six avions, mais ils seront stationnés sur des bases italiennes, en Sicile, et ils utiliseront la logistique de l’OTAN. Tout cela demande de la planification et donc un peu de temps", ajoute-t-il.

De quels moyens d’intervention dispose la France ? "Les moyens ne manquent pas, la France fournira assez naturellement la colonne vertébrale de cette intervention, or elle est capable de frapper en Libye presque immédiatement et même toute seule. Cela peut se faire à partir de la Corse, la base de Solenzara fait finalement un excellent porte-avion en Méditerranée. Nous avons également des chasseurs bombardier stationnés au Tchad, sur la frontière sud de la Libye et qui représentent une menace considérable pour le régime de Kadhafi", détaille Didier François.

Les forces du colonel Kadhafi évoluent principalement entre Tripoli, le centre de commandement, et Benghazi, la ligne de front. Or, "l'essentiel des routes utilisées par les soldats libyens courent le long du littoral. Elles sont donc à portée de feu de la mer, ce qui permet d'utiliser des navires de guerre et des avions sans les engager directement au dessus du territoire libyen, et donc de ses défenses aériennes, ce qui permet de frapper avec une plus grande marge de sécurité", détaille Didier François.

Qu'est-ce qu'une zone d'exclusion aérienne ? Il s'agit de surveiller un espace aérien déterminé pour en interdire l'accès à tout aéronef, que ce soit un hélicoptère ou un avion dès lors qu'il est armé. Les vols commerciaux ou humanitaires ne sont pas concernés par ce type de mesure.

Pour empêcher les avions libyens de décoller, il faut d'abord nettoyer le territoire de ses défenses anti-aériennes et détruire au sol les missiles anti-aériens, les radars de surveillance et de conduite, les postes de contrôle et de commandements.

Quel pourrait être le sort de Kadhafi ? "S’il ne se met pas en conformité avec les résolutions du Conseil de Sécurité, (la chute de Mouammar Kadhafi) est bien sûr l’objectif. Il y a un moment où il faut assumer ses responsabilités. Je pense que ne rien faire aurait des conséquences catastrophiques, d’abord pour les populations de Benghazi et d’autres villes de Libye, et ensuite pour le peuple libyen en général. Et ce serait un formidable signal à tous les dictateurs de la terre qui peuvent continuer à faire leur travail sans aucun risque", a déclaré Alain Juppé à la sortie du Conseil de Sécurité de l’ONU, à New York.