Alors qu’en Libye, les rebelles ont reconquis plusieurs villes-clés, une quarantaine de pays et d'organisations participent mardi à Londres à la première réunion d’un "groupe de contact". Les Etats-Unis et plusieurs pays européens, dont la Grande-Bretagne et la France, les trois nations fer de lance de l'intervention militaire lancée le 19 mars (et dont l'Otan prend graduellement le commandement), sont représentés par leur chef de la diplomatie.
La Turquie, qui a proposé sa médiation en vue d'un cessez-le-feu, a aussi répondu présente, tout comme plusieurs pays arabes comme la Jordanie, le Qatar, les Emirats arabes unis, le Liban et la Tunisie. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, ont fait aussi le déplacement
Éviter l’enlisement
L'objectif de la conférence est double. Il s’agit pour le groupe de contact de demander un cessez-le-feu, pour consolider à moyen terme l’action de la coalition internationale et montrer aux civils que les militaires étrangers sont là pour les protéger. Barack Obama a d'ailleurs rappelé lundi soir que les Etats-Unis "ne pouvaient pas se permettre" de refaire les erreurs de la guerre d'Irak.
"Ce qui est important, c'est de montrer qu'il y a une option politique et qu'il y a une vaste coalition qui soutient un projet global, que ça n'est pas une guerre occidentale contre un pays arabe", a par ailleurs analysé sur Europe 1 Pascal Boniface, directeur de l’Iris.
Proposer l’exil à Kadhafi
D’autre part, le groupe de contact aura pour mission de pousser le colonel Kadhafi vers la porte de sortie, en lui proposant de s’exiler, comme l’a suggéré Rome lundi. Le ministre de la Défense Gérard Longuet a rappelé mardi que Paris et Londres "demandent" le départ de Kadhafi, allant au-delà de la résolution 1973 de l'ONU. "La résolution 1973 protège les populations civiles, elle ne se propose pas de renverser Kadhafi", a exposé le ministre. Toutefois, a-t-il noté lui, "la position de la France et de la Grande-Bretagne est différente: elle consiste à demander le départ de Kadhafi".
L’hypothèse la plus conciliante serait de faire en sorte que le dirigeant libyen soit accueilli au Soudan, car là, il serait protégé d’un procès devant la Cour pénale internationale (CPI). Il s’agit aussi de désolidariser Mouammar Kadhafi de ses partisans, en leur proposant de les protéger d’un procès devant la CPI s’ils rallient l’opposition.
Toutefois, la stratégie pourrait se révéler peu efficace, car le groupe de contact n’est voué à travailler qu’avec un groupe d’insoumis de Benghazi, qui est loin de représenter les tribus libyennes les plus influentes.
Kadhafi dénonce une initiative "barbare"
De son côté, le colonel Kadhafi a tenté de prendre les devants, en dénonçant l'initiative du groupe de contact. Dans un message publié mardi matin, le guide libyen exhorte le groupe à mettre fin à l'"offensive barbare" contre son pays.
"Stoppez votre offensive barbare et injuste contre la Libye", lance Mouammar Kadhafi, dans ce communiqué publié par l'agence officielle Jana. "Laissez la libye aux Libyens, vous êtes en train de vous livrer à une opération d'extermination d'un peuple en sécurité et de détruire un pays en développement", prétend-il aussi.