C’est une coalition internationale mal en point qui a commencé à se réunir jeudi matin à Berlin au cours d’un sommet de l’Otan, pour évoquer la situation en Libye. Alors que les pro-Kadhafi semblent loin de capituler et que l’enlisement guette, la France et la Grande-Bretagne devraient réclamer une plus grande implication de la part de l’Alliance atlantique , mais aussi de l’Allemagne.
"L’Allemagne, ce grand bébé"
Car, ironie, de l’histoire, c’est le pays qui a la position la plus contradictoire sur le dossier libyen qui se retrouve à organiser ce sommet de l’Otan. Avec un hôte, le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle, qui est très affaibli actuellement. Qu’il s’abstienne lors du vote de la résolution de l’ONU est en effet passé pour de l’immaturité politique. Le journal Süddeutsche Zeintung titrait ainsi mercredi : "l’Allemagne, ce grand bébé des relations internationales qui a peur de faire la guerre".
Une position d’autant plus contradictoire que, depuis deux jours, Guido Westerwelle se dit prêt, quand même, à envoyer des soldats, cette fois pour assurer des missions humanitaires. Une position qui a déclenché la colère d’Alain Juppé. "Voilà maintenant les Allemands qui veulent passer l’oral de rattrapage ", aurait pesté le ministre français des Affaires étrangères.
"Intensifier nos efforts"
L’ambiance risque d’être tendue, juste avant le sommet, quand les deux ministres se verront en tête-à-tête. Il est peu probable que ce que l’on appelle parfois un peu vite le moteur franco-allemand réussisse à surmonter cette panne. Car chacun campe sur ses positions. Guido Westerwelle ne voit absolument aucune solution militaire en Libye. Alors qu’à l’opposé, Alain Juppé souhaite qu’on intensifie les frappes de l’Otan.
Le ministre français devrait d’ailleurs faire passe le même message aux autres partenaires de la coalition. Mardi, il avait jugé que l'Otan, depuis sa prise de contrôle des opérations militaires, ne jouait "pas suffisamment" son rôle contre les forces de Mouammar Kadhafi et pour protéger les civils. Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, avait de son côté déploré que Paris et Londres supportent "l'essentiel" de l'effort de la coalition internationale. Le chef de la diplomatie britannique William Hague avait abondé en plaidant pour "maintenir et intensifier nos efforts au sein de l'Otan".