Son livre promet d'être la sensation de la rentrée... à condition qu'il paraisse. Car l'ancien Navy Seal qui signe le livre, intitulé "No Easy Day" ("Pas un jour facile"), est sous la menace de poursuites judiciaires de la part du Pentagone.
"Tous les moyens légaux disponibles"
Reprochant à l'auteur d'avoir violé son engagement de confidentialité en faisant le récit de l'opération à laquelle il a participé, le juriste en chef du ministère américain de la Défense, a affirmé jeudi que le ministère "envisage(ait) d'engager à (son) encontre, et (contre) tous ceux agissant de concert avec (lui), tous les moyens légaux disponibles", dans une lettre dont l'AFP a obtenu copie.
L'ouvrage, qui doit sortir le 4 septembre, est signé du le pseudonyme de Mark Owen. Son auteur est l'un des membres de la "Team 6" des forces spéciales de la marine américaine qui a éliminé le chef d'Al-Qaïda le 1er mai 2011. Il y raconte notamment que Ben Laden, touché à la tête, a été achevé de plusieurs balles dans la poitrine et qu'un membre du commando avait dû s’asseoir sur sa dépouille dans l'hélicoptère lors du vol de retour, faute de place.
Obligation de confidentialité
Dans son courrier, envoyé chez l'éditeur du livre Penguin, Jeh Johnson rappelle à Mark Owen qu'il a l'obligation de ne "jamais divulguer" d'informations classifiées. "Cet engagement perdure même après avoir quitté le service actif", explique le juriste. Il rappelle que le militaire avait signé cet engagement le 24 janvier 2007 et avait quitté l'armée le 20 avril 2012. Il rappelle également que tout profit issu de la divulgation d'information classifié doit être reversé au Pentagone.
Contrairement au règlement, Mark Owen n'avait pas soumis son manuscrit au Pentagone ou à la CIA avant publication.La maison d'édition, qui espère déjà un best-seller avec une première impression de 300.000 exemplaires, a souligné que le livre avait été revu "par un ancien avocat des forces spéciales" pour s'en assurer.
Si les extraits de l'ouvrage qui ont fuité dans la presse ne contiennent pas de révélations fracassantes, certains éléments contredisent des détails dévoilés l'an passé par les autorités américaines. Elles avaient ainsi affirmé que le chef d'Al-Qaïda avait été abattu d'une balle dans la tête alors qu'il se trouvait dans la chambre de sa résidence d'Abbottabad (Pakistan).
Mark Owen raconte de son côté qu'un de ses collègues qui montait les escaliers avait tiré sur un homme qui passait la tête par la fenêtre de la chambre.Une fois dans la pièce, Owen écrit avoir vu "du sang et de la matière cérébrale s'épancher sur le côté de son crâne". Le corps de Ben Laden tressautait encore. Owen et un autre Seal ont alors "pointé leur visée laser sur sa poitrine et tiré plusieurs coups" jusqu'à ce que le corps ne bouge plus.