L’info. Les services de sécurité britanniques sont sous pression. Après le meurtre barbare d’un soldat en pleine rue, en banlieue de Londres, la polémique monte sur le rôle de la police et des services de renseignement intérieur, le MI5. Selon les médias, les deux meurtriers présumés, qui ont semé la terreur mercredi à Woolwich, avaient en effet été repérés depuis huit ans. Une nouvelle fois, des services de renseignement sont accusés, comme dans l'affaire Merah en France ou les attentats de Boston d'avril, de ne pas avoir su arrêter ces "loups solitaires".
"Pourquoi le MI5 n’a pas agi ?". Toute la presse britannique se pose vendredi la même question : "les tueurs étaient sous surveillance, alors pourquoi le MI5 n’a pas agi ?", s’interroge notamment le tabloïd Daily Express. L’un des deux suspects, Michael Adebolajo, était connu dans son quartier pour les propos extrémistes qu’il tenait et les tracts appelant au djihad qu’il distribuait. L’homme, âgé de 28 ans, aurait aussi tenté de se rendre en Somalie pour rejoindre les Shebab, des insurgés islamistes. Et selon The Daily Telegraph, Michael Adebolajo avait été arrêté en 2006 lors d’échauffourées entre extrémistes musulmans et policiers à Londres.
> PROFIL : Qui sont les tueurs de Woolwich ?
"Difficile de contrôler tout le monde". Les deux suspects n’étaient pourtant pas considérés comme étant les extrémistes les plus dangereux. Une appréciation qui peut sembler étonnante avec le recul, mais certains experts ont tenté de défendre les services de renseignements. Richard Barrett, ancien chef du contre-terrorisme au MI6, les services de renseignements extérieurs, a ainsi expliqué à la BBC à quel point il était difficile de détecter ce type d’attaques. "A partir de quand une personne exprimant des points de vue radicaux, qui rejoint un groupe radical, devient un extrémiste violent ?", s’est-il interrogé, jugeant "extrêmement difficile" de "trouver les signaux" d’une telle évolution.
> TÉMOIGNAGES : "Comme des animaux"
Une enquête parlementaire. L’argument a aussitôt été repris par le gouvernement. Eric Pickles, le ministre des Collectivité locales, a notamment expliqué qu’il était "difficile de contrôler tout le monde dans une société libre". "Il y a un monde entre avoir des positions extrémistes et commettre un meurtre", a-t-il assuré à la BBC. Pour tenter d’apaiser la polémique, le gouvernement a tout de même promis qu’une commission parlementaire allait être chargée de faire toute la lumière sur ces questions.
> ZOOM : Meurtre à Londres : l'extrême-droite en profite