Londres : trois femmes libérées après 30 ans de captivité

La police britannique a déclaré avoir libéré jeudi trois femmes affirmant avoir été retenues contre leur gré.
La police britannique a déclaré avoir libéré jeudi trois femmes affirmant avoir été retenues contre leur gré. © Reuters
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Charles Carraso avec agences , modifié à
Elle étaient apparemment retenues par un couple dans une maison de Londres depuis des années.

L'INFO. Elles sont "traumatisées", selon Scotland Yard. La police britannique rapporte jeudi avoir libéré il y a plusieurs jours trois femmes, ces dernières affirmant avoir été retenues contre leur gré pendant plus de trente ans dans une maison à Londres. Un couple de sexagénaires a été arrêté jeudi dans une affaire s'apparentant à de l'esclavage domestique. Les suspects sont un homme et une femme, âgés tous deux de 67 ans. L'une des trois victimes, âgée de 30 ans, est née en captivité et n'a jamais pu sortir de la maison.

Qui sont les victimes ? Les trois femmes sont une Malaisienne âgée de 69 ans, une Irlandaise de 57 ans et une Britannique de 30 ans, selon la police. Elles "ont été emmenées dans un endroit sûr où elles se trouvent toujours", selon un communiqué de la police. Une affaire qui rappelle celle d'Ariel Castro, le tortionnaire de Cleveland aux États-Unis, arrêté pour avoir enlevé et séquestré trois jeunes femmes. Selon les premiers éléments de l'enquête, la victime britannique, âgée de 30 ans, serait née dans logement du couple de sexagénaires et n'aurait jamais vu le monde extérieur, selon The Guardian.

Comment ont-elles été découvertes ? La police a été alertée par une association de lutte contre l'esclavage et les mariages forcés. Celle-ci a reçu un coup de téléphone d'une femme affirmant avoir été enfermée pendant trente ans. "Nous félicitons Freedom Charity et travaillons main dans la main avec eux pour aider ces victimes qui ont apparemment été retenues pendant plus de trente ans. Une enquête exhaustive a été ouverte pour établir les faits autour de ces accusations très sérieuses", a affirmé le détective Kevin Hyland, de l'unité de lutte contre le trafic des êtres humains. "Un documentaire télévisé sur les mariages forcés et mettant en scène le travail de Freedom Charity a été le catalyseur qui a conduit l'une des victimes à appeler au secours et a permis en définitive de les sauver", a ajouté le détective Kevin Hyland.

Selon Freedom Charity, les victimes ont été retenues dans une maison on ne peut plus banale à Lambeth, au sud de Londres. "Je ne pense pas que les voisins savaient quoi que ce soit. C'était juste une maison ordinaire dans une rue ordinaire", a expliqué Anita Prem.

Selon un journaliste du Telegraph, elles ont été libérées à la mi-octobre :

Scotland Yard

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Des "préjudices physiques". Ces femmes ont dû appeler en secret car "elles se sentaient en danger", a raconté Aneeta Prem de Freedom Charity, interrogée par la chaîne britannique Sky News. "Elles étaient terrifiées par ces personnes qui les retenaient. Je n'arrive pas à croire que l'être humain est capable de traitement de la sorte", a-t-elle affirmé. Elle a précisé que les trois femmes, qui ont pu sortir de la maison par leurs propres moyens, n'avaient pas été victimes de violences sexuelles, mais elle pense qu'elles ont subi des préjudices physiques. "Cela défie l'imagination, c'est impossible d'imaginer qu'une chose pareille puisse arriver en Grande-Bretagne, à Londres, en 2013", a ajouté Aneeta Prem.

"Heureusement, elle a vu cette émission et était suffisamment confiante pour décrocher le téléphone", a encore souligné Aneeta Prem. "C'est une histoire incroyable. Je ne peux pas croire qu'on puisse traiter des gens comme ça, c'est tellement barbare. Lorsqu'on est privé de liberté, on n'a pas de vie", a-t-elle ajouté.

Le couple libéré sous caution. Les deux sexagénaires arrêtés jeudi ont été libérés sous caution, a indiqué la police britannique vendredi matin. Le couple, âgé de 67 ans, qui n'est pas de nationalité britannique, a été libéré sous caution jusqu'en janvier prochain dans l'attente d'informations complémentaires, a précisé Scotland Yard dans un communiqué. Ils sont soupçonnés de travail forcé et d'esclavagisme, selon la police. "On a eu des cas d'esclavage où des gens ont été retenus contre leur gré pendant dix ans, mais jamais rien d'une telle ampleur", a souligné le détective Kevin Hyland.