La ministre britannique de l'Intérieur Theresa May a annoncé mardi une "enquête publique" sur la mort de l'opposant russe Alexandre Litvinenko, un revirement de Londres qui avait jusqu'alors refusé une telle procédure, susceptible de se pencher sur le rôle de Moscou. "J'espère vraiment que cette enquête offrira du réconfort à (la) veuve" de l'ex-agent russe, mort en 2006 à Londres empoisonné au polonium, une substance radioactive, a commenté la ministre.
Le gouvernement britannique avait jusqu'à présent refusé d'ordonner une telle "enquête publique" qui permet, contrairement à ce que son nom suggère, l'examen à huis clos de documents sensibles. Theresa May voulait initialement attendre les résultats d'une enquête judiciaire ("inquest") sur ce décès. Le magistrat chargé de cette enquête avait en 2013 regretté être dans l'impossibilité d'examiner le rôle éventuel de l'Etat russe, et plaidé auprès du gouvernement, sans succès, pour le déclenchement d'une enquête publique pour ce faire. En juillet 2013, Theresa May avait reconnu que la diplomatie avait été l'un des "facteurs" dans la décision de Londres de renoncer à une enquête publique.
Cette décision intervient au moment où Londres milite pour un durcissement des sanctions contre Moscou, à la suite du crash du vol MH17 dans l'est de l'Ukraine, probablement abattu par un missile tiré, selon les Etats-Unis, depuis la zone sous contrôle des rebelles prorusses. Sa veuve, Marina Litvinenko, s'est dite "soulagée et ravie" de l'annonce de cette enquête qui envoie selon elle aux assassins de son mari le message que "peu importe votre puissance, la vérité l'emportera au bout du compte".
Alexandre Litvinenko, 43 ans, un transfuge du FSB (services de renseignement russes) réfugié au Royaume-Uni, avait bu un thé en novembre 2006 avec Andreï Lougovoï, un agent secret russe, et l'homme d'affaires Dmitri Kovtoun, dans un hôtel londonien. Il avait succombé peu après à un empoisonnement au polonium.