Un adulte britannique sur quatre pourrait être fiché à partir du 12 octobre, dans le cadre de la lutte contre la pédophilie. A compter de cette date, toute personne, salariée ou bénévole, amenée à travailler avec des enfants ou des "adultes vulnérables" devra s’inscrire auprès de l’Independent Safeguarding Authority (ISA). Quelque 11,3 millions de Britanniques sont concernés.
Cette autorité décidera au cas par cas si une personne est apte à travailler avec des enfants ou non. Avant d’accorder son autorisation, l’ISA consultera le casier judiciaire de chaque candidat pour vérifier qu’il ne possède pas d’antécédents de pédophilie ou de violence.
Les personnes travaillant en milieu scolaire ou médical sont les premières concernées – enseignants, proviseurs, médecins, infirmières. Mais désormais, l’entraîneur d’un club de foot, l’animateur d’un centre aéré ou les familles qui accueillent des écoliers étrangers devront également se signaler. Une amende de 5.000 livres pourra être infligée à toute personne travaillant avec des enfants et qui ne se serait pas enregistrée.
L’ISA a été créée par une loi de 2006, à la suite du meurtre de deux fillettes de 10 ans, Jessica Chapman et Holly Wells, par un gardien d’école en 2002, dans l’est de l’Angleterre. A la suite de cette affaire qui avait ému le Royaume-Uni, une commission avait été mise en place, qui avait conclu à la nécessité d’une agence indépendante chargée de passer au crible la vie de tout individu souhaitant travailler avec des "personnes vulnérables".
Les professionnels de l’enfance faisaient déjà l’objet d’un recensement par le gouvernement britannique, qui avait collecté 5 millions de noms jusqu’à présent. Mais ce recensement n’était pas exhaustif, et les investigations n’étaient pas aussi poussées qu’elles ne le seront désormais.
La mise en place de l’ISA suscite un vif débat outre-Manche. De nombreuses figures du monde de l’éducation, de l’enfance, de la famille, ainsi que plusieurs responsables politiques ont exprimé leur désaccord. "Nous allons voir les centres de loisirs se vider et cela finira par des jeunes qui s’ennuieront dans la rue", a réagi l’opposition conservatrice. Même la Société nationale pour la prévention de la cruauté envers les enfants (NSPCC) s’est émue d’un système qui mettait en danger des activités "parfaitement saines et normales".